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Conférence nationale du handicap, vers quel résultat?

La deuxième Conférence nationale du handicap s'est achevée ce 8 juin 2011 avec le discours de Nicolas Sarkozy. 750 participants avaient répondu présents. Entre promesses à tenir et chimères annoncées, récit d'une journée riche et contrastée.

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Gardes du corps, oreillettes, portique de détection, drapeau français et tapis rouge... Il se passe quelque chose au centre Pompidou en ce matin du 8 juin 2011. 8h. Les invités, triés sur le volet franchissent les nombreux check points. Pas question de tergiverser avec la sécurité. Le gotha s'est donné rendez-vous à cette deuxième Conférence nationale du handicap. Des ministres, des députés, des présidents d'associations et surtout un président, le nôtre, celui de tous les citoyens. C'est la question qui sera largement débattue aujourd'hui.

Centre Pompidou : un labo de l'accessibilité

Un Président face à 750 participants : valides, handicapés, petits et grands, aveugles ou malentendants, déficients intellectuels, amputés ou en fauteuil roulant. Ils sont tous là, nous sommes tous là. Avides de décision, méfiants aussi, parfois amers des promesses non tenues, prêts à en découdre avec les chimères... Pour le moment, c'est l'heure du petit déjeuner, concocté par l'ESAT de l'association Afaser. Les croissants sont excellents et le service appréciable. Impossible, la bouche ainsi remplie, de prétendre que les personnes handicapées n'ont pas les mêmes talents que les « autres » ! Autour du buffet, c'est la valse des poignées de main et des retrouvailles, des hypothèses aussi. Roselyne Bachelot (Ministre des solidarités et de la cohésion sociale) est tout sourire. Patrick Gohet (Président du CNCPH, Conseil national consultatif des personnes handicapées) fait le plein de connaissances. Marie-Anne Montchamp (secrétaire d'Etat) enchaine les poignées de mains. Le temps est beau, un peu frais. Belle journée. Tous les équipements sont adaptés : la signalétique, les toilettes, les buffets, les balises sonores, les espaces de circulation. Un laboratoire à petite échelle de ce que devra être la France en 2015 (date buttoir de mise en accessibilité de tous les lieux publics, la « chimère » sus mentionnée).

Plus personne au bord du chemin

9h. Les portes s'ouvrent. Une grande et belle salle, un peu sombre mais intime. Des centaines de chaises blanches. Quelques papiers au premier rang, au milieu, celui des invités de marque. La ligne des ministres. On y lit : Pécresse (enseignement), Chatel (éducation nationale), Jouanno (sport), Mitterand (culture), Baroin (budget), Morano (apprentissage et formation professionnelle), Bertrand (travail)... Comment, les questions de handicap arrivent-elles à mobiliser autant de dignitaires ? C'est ce qu'on appelle les implications transversales. On apprendra ensuite que la personne handicapée est un citoyen à part entière. Logique qu'il ait sa place dans chaque ministère. Les présidents d'associations ont droit à la droite. Le côté droit, j'entends. Il y a là Barbier (APF), Prado (Unapei), Garcia (Apajh), Masson (Handisport) , Lorant (Unisda), Bonet (GIHP), Tiennot-Hermant (AFM)... C'est bien simple, ils sont tous là. Et puis des « civils » aussi, sans étiquette « handicap » : les représentants ou dirigeants du CSA, de la SNCF, de Gaumont, des architectes, un inspecteur d'académie, des scientifiques, des maires... Ils ont tous leur mot à dire. On se demande même s'ils ne se sont pas concertés pour marteler le même mot : encore et toujours « citoyen à part entière » et accessoirement « que nous ne laisserons pas sur le bord du chemin ». Au risque de contrarier les amateurs de balades champêtres.

Quelques espaces libres ont été réservés aux fauteuils roulants. Pas tant de fauteuils que cela d'ailleurs. N'y aurait-il qu'une minorité concernée dans cette assemblée ? Il y a évidemment des handicaps invisibles mais, globalement, on a un peu le sentiment que cette question est davantage entre les mains des « valides ». Les ministres eux, le sont tous, c'est certain. Au grand désarroi de Frédéric Bouscarle, président de Handi Pop', qui en profite pour militer « en off » pour l'instauration d'un quota de 6% de personnes handicapées parmi nos élus.

Le câble électrique qui peut tout faire basculer

9h30. Les lumières s'allument, le plateau prend vie. Un plan incliné permet aux intervenants à mobilité réduite d'y accéder sans souci. Tout a été parfaitement pensé. Sauf ce câble électrique qui manque de faire basculer un fauteuil. Ca tient à peu de chose la sécurité d'une personne handicapée ! Les débats sont animés par deux journalistes et retransmis sur la chaine parlementaire. Sur grand écran, un vélotypiste et deux traducteurs en langue des signes et langue parlée complétée s'acharnent à retranscrire le flux des discours. Un véritable marathon. Il y a tant à dire, un monde à construire ou à finir de construire... en moins de 8 heures ! Alors quelques minutes pour chacun. Allocution de bienvenue d'Alain Sehan, président du centre Georges Pompidou, un bon élève en matière d'accessibilité, labélisé Tourisme et handicaps. C'est Roselyne Bachelot qui s'empare la première du micro. Le costume n'est plus rose, le discours non plus. « Les efforts à fournir sont importants mais notre détermination est intacte ! ». Une conclusion introductive qui donne le « La » de cette conférence. Dans toutes les bouches : « un peu déjà fait, mais beaucoup de chemin encore à parcourir ».

Une colère muette

Les tables rondes se succèdent, sur lesquelles handicap.fr reviendra en détail. Il y a là de l'enthousiasme mêlé au dépit. L'urgence de la situation se mesure à l'applaudimètre. Le principe est simple : lorsque la salle se déchaine, c'est un représentant d'association qui a pris la parole, lorsque les applaudissements sont plus retenus, c'est de la politesse à l'égard d'une promesse gouvernementale. Jean-Marie Barbier, président de l'APF ouvre le tir : « « Les choses ne changent pas suffisamment vite, et j'ai bien peur qu'on veuille aujourd'hui éviter les sujets qui fâchent ! ». Entre les deux mon cœur balance : la légitime insatisfaction des uns et l'envie de croire à ce qui est promis par les autres. Alors chacun y va de son état des lieux, en toute courtoisie. On perçoit néanmoins une colère muette, handicapée par la bienséance, qui peine à s'exprimer.

Président ou Père Noel ?

12h30. Déjeuner. L'ESAT est toujours à la hauteur. 750 participants, cela fait bien 10 000 petits fours, délicieux au demeurant. Puis reprise des débats de l'après-midi avec deux nouvelles tables rondes. Mais le moment que tous attendent, c'est l'arrivée du Président. L'émotion est palpable. Peu importe le bulletin déposé dans l'urne, la rencontre avec un Président, c'est toujours un grand moment. Et puis, depuis des semaines, on nous répète, le Président se déplace pour le « handicap ». C'est bien quand même, c'est important ! Le service d'ordre est sur le qui-vive. Des Mens in black de tous les côtés, discrets et courtois. On réorganise le plateau, on place la tribune en majesté, au milieu de l'estrade, on sort les drapeaux européen et français de leur valise en métal. Tout est en ordre. Fébrilité !!! Et monsieur Sarkozy de faire son entrée. Un participant en fauteuil roulant refuse discrètement de se trouver sur son chemin « pour ne pas prendre le risque de lui serrer la main ». Ca hume l'amertume ! Grand silence solennel... Puis notre Président s'empare du micro. Orateur de talent, très convaincant, à la fois paternel et rassurant, de cette force sage et empathique qui vous incite à croire à un monde meilleur. A croire au Père Noël ? Au matin du 9 juin, le lendemain, les associations se lâchent. Elles ne sont pas dupes les associations. Le Père Noël, très peu pour elles. Elles attendent des actes ! Ne doutons pas de leur vigilance, à un an des présidentielles, pour se rappeler au bon souvenir de ce Président qui un soir de juin 2011 clamait: « Mon message n'est ni un mensonge ni une parole en l'air. C'est un message d'espoir que je veux partager avec vous ». Ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ? C'est toujours cela de pris !

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