Par Anne-Sophie LABADIE
PARIS, 27 sept 2011 (AFP) -
Tout de noir vêtus, environ 200 manifestants ont symboliquement résisté, à Paris devant l'entrée du Sénat fraîchement passé à gauche, à "l'enterrement" de la loi handicap de 2005.
"Cette loi mettait fin à une situation de discrimination évidente. L'effort enfin avait été fait pour un accès plus adapté pour les personnes fragiles", a résumé en guise d'éloge funèbre Jacky Decobert, représentant pour l'Ile-de-France de l'Association des paralysés de France (APF), appelant à cette mobilisation.
"Mettons des bâtons dans les roues de cet enterrement", lançaient les manifestants, brandissant des pancartes: "Accéder c'est exister", "promoteurs, fossoyeurs d'accessibilité".
Le Parlement a voté au printemps une proposition de loi UMP introduisant la possibilité de déroger à l'obligation de rendre accessibles les bâtiments publics neufs aux handicapés. La disposition a toutefois été censurée fin juillet par le Conseil constitutionnel.
Mais l'APF s'inquiète d'un nouveau texte basé sur le rapport du sénateur UMP Eric Doligé, qui prévoit de nouvelles dérogations pour les bâtiments publics existants, parce que le coût des travaux serait trop élevé pour les collectivités locales.
"Les dérogations, c'est un recul social, l'isolement des personnes, l'exclusion pour nous de la société. Nous ne pouvons accepter que le délai de 2015 soit vidé de son sens car nous attendons depuis 36 ans de vivre dans un pays accessible pour tous", a déclaré Jean-Marie Barbier, président de l'APF.
"Les arguments avancés pour justifier les dérogations sont fallacieux":
Selon la Banque mondiale, l'éventuel surcoût des travaux d'accessibilité n'excède pas 1% du prix de la construction", a-t-il ajouté, appelant tous les candidats à la présidentielle à se prononcer sur le sujet.
Marre des lois qui contournent la loi
Dans la matinée la ministre des Solidarités Roselyne Bachelot avait voulu "rassurer l'APF", disant sur Europe 1 que "l'échéance de 2015 est non négociable".
L'accessibilité est une obligation nationale depuis 1975. La loi de 2005 a rendu obligatoire la mise en accessibilité (rampes d'accès...) de tous les bâtiments recevant du public d'ici 2015. Des dérogations sont possibles pour les bâtiments existants, en cas d'impossiblité technique par exemple.
"On est en galère perpétuelle", témoigne Marc Abou, "on accumule sans cesse les reports et on commence à en avoir marre de ces élus qui proposent toujours des lois pour contourner la loi".
Outre quelques élus, la maire de Lille Martine Aubry était présente.
Interrogée sur le délai de 2015, la candidate aux primaires du PS a déclaré: "Tout ne peut être fait en même temps", il faut "aider les collectivités (...), il ne faut pas renoncer", souhaitant "une loi beaucoup plus globale".
Elle a plaidé pour la création d'une agence nationale pour l'accessibilité universelle. "Bien sûr il y a le bâti, c'est majeur, mais aussi le transport, la culture, la scolarisation, les communications: tous les domaines doivent être pris en compte (...)", a-t-elle ajouté, exprimant l'espoir de "faire au niveau national ce qu'on a fait à Lille" où "on a avancé très fortement".
Des manifestations étaient prévues dans une quarantaine de villes, comme à Rouen où une centaine de personnes a bloqué temporairement un pont.
Une délégation de l'APF devait être reçue à 18H00 par la secrétaire d'Etat aux Solidarités, Marie-Anne Montchamp, selon le ministère.
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