Par Julie CHARPENTRAT
PARIS, 29 mai 2012 (AFP) -
S'il est déjà difficile pour les sportifs handicapés physiques de se faire connaître, la tâche est encore plus ardue pour le "sport adapté", spécifique au handicap mental et psychique.
Il avait été chassé des Jeux en 2000 après une tricherie dans l'équipe espagnole: depuis, seuls les handicapés physiques (le "handisport") ont pu concourir, avant que les instances internationales acceptent de revoir leur position.
"Il a fallu neuf ans pour revenir", raconte Marc Truffaut, vice-Président de la Fédération française de sport adapté (FFSA) et entraîneur de Daniel Royer, espoir de médaille en saut en longueur.
Or "sans les Jeux, il n'y a rien, pas de reconnaissance du haut niveau" et donc pas de moyens, poursuit-il.
Cette "visibilité" est nécessaire, ajoute l'entraîneur: ces sportifs "font comprendre que le handicap mental n'est pas un frein à la pratique sportive".
Deux cents athlètes handicapés mentaux ou psychiques --ils doivent avoir un quotient intellectuel inférieur à 75-- vont ainsi rejoindre les quelque 4.000 inscrits en handisport, du 29 août au 9 septembre, après les Jeux olympiques.
Pascal Pereira, 29 ans, est l'un des principaux espoirs: il est le numéro mondial "sport adapté" du tennis de table. Il joue également à haut niveau dans un club traditionnel.
Souffrant d'une "maladie psychologique", comme il le dit lui-même, depuis la fin de l'adolescence, sa passion pour le ping-pong a "été la solution", dit son entraîneur Yves Drapeau.
- "Elle a vu qu'elle pouvait être championne"-
Après des "années difficiles" d'hospitalisation, Pascal a repris son sport préféré, qui lui "fait oublier la maladie", dit le jeune homme, venu aux Rencontres EDF-Handisport à Paris pendant le week-end de la Pentecôte. Aller à Londres, "c'est une consécration, un rêve", dit-il encore, les yeux brillants.
Ce qui caractérise ces athlètes handicapés ? La détermination, répondent les entraîneurs, particulièrement admiratifs de leurs poulains.
"C'est un guerrier", dit Yves Drapeau de Pascal Pereira.
"Elle est extraordinaire, elle m'épate, c'est quelqu'un de déterminé", déclare Bertrand Sébire, entraîneur de la nageuse Alicia Mandin (22 ans), championne du monde du 50 mètres brasse en 2007, entre autres titres.
Il faut aussi s'adapter: certains sportifs ont du mal à comprendre les consignes ou à reproduire des gestes.
"Il faut réexpliquer, accompagner", indique Marc Truffaut.
Epileptique et dyslexique, Alicia dit "s'évader" quand elle nage. "On évacue toute la colère", ajoute la jeune sportive, qui devra encore batailler lors d'une compétition à Prague en juin pour assurer sa place à Londres.
Alicia s'exprime aujourd'hui volontiers, un changement pour cette jeune femme qui était une ado "hyper introvertie, manquant de confiance en elle", témoigne Bertrand Sébire, qui l'entraîne depuis neuf ans.
"Elle a vu qu'elle pouvait être championne", explique-t-il.
D'ailleurs, le but à Londres, "c'est de gagner, pas de participer", dit Yves Drapeau.
Malgré le retour du sport adapté, Gilles Johannet, délégué général du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) regrette que les instances ne lui aient accordé que 200 places. "Six concurrents seulement dans un sport, ce n'est pas sérieux", ajoute le responsable.
Trois disciplines seront ouvertes aux déficients intellectuels: natation, tennis de table et athlétisme, sur vingt sports représentés aux Paralympiques.
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Paralympiques: le handicap mental de retour
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