Par Julie CHARPENTRAT
PARIS, 4 juin 2012 (AFP) -
"On m'avait dit +tu ne feras jamais de sport+", se souvient l'escrimeur Romain Noble, champion d'Europe en 2011 malgré une maladie congénitale qui lui rend la marche difficile.
A 31 ans, il devrait défendre les couleurs de la France aux Jeux Paralympiques, organisés à partir du 29 août, une quinzaine de jours après la fin des jeux Olympiques (27 juillet-12 août) et leur couverture médiatique gigantesque.
Il a découvert l'escrime vers 14 ans. Il l'a d'abord pratiquée debout, avec les valides, avant de se lancer dix ans plus tard dans le "handisport", en fauteuil roulant, ce qui lui permet de se frotter désormais au plus haut niveau.
"J'ai toujours été un compétiteur; préparer les Jeux, c'est ce que j'ai toujours voulu faire", poursuit le jeune homme, modeste malgré son palmarès.
Il pourra compter sur le soutien enthousiaste de la multi-médaillée Laura Flessel-Colovic, qui a découvert le handisport il y a une quinzaine d'années.
"Dans mon club, les entraînements étaient communs, valides et handisport. La seule différence, c'est qu'ils sont en fauteuil", témoigne l'épéiste.
Double championne olympique (en individuel et par équipes en 1996), récemment désignée porte-drapeau de la délégation française aux JO, Laura Flessel est marraine du Club des supporters Handisport et compte bien mettre sa notoriété au service des athlètes handicapés.
"Une revanche sur la vie"
La championne s'est d'ailleurs déjà entraînée en fauteuil "pour gagner en maîtrise du corps et en puissance au niveau du bras". Avec eux, elle a découvert "des passionnés qui avaient des rêves olympiques comme nous".
Aller aux Jeux, c'est un défi sportif avant tout, explique Romain Noble, qui espère "la plus belle des médailles". La France souhaiterait intégrer le top 10 des nations, après avoir fini douzième à Pékin en 2008.
Mais pas seulement.
C'est aussi "une revanche sur la vie" qui donne de l'espoir aux personnes handicapées, explique l'athlète.
Cela les aide à "croire en de nouveaux rêves", abonde Laura Flessel et peut aider le grand public à oublier certains "préjugés" sur le handicap.
Mais, comme le dit Gérard Masson, président de la Fédération française handisport, "pour que le gosse au fin fond du Gers se dise +c'est possible+", il faut des images à la télévision.
Après avoir tapé du poing sur la table après les Jeux de Pékin, qu'elle estimait insuffisamment couverts, la Fédération compte sur un regain d'intérêt cette année.
La présence d'une "star" comme le coureur de 400 m sud-africain Oscar Pistorius, auteur de performances remarquables malgré ses prothèses de jambes, et qui espère devenir le premier athlète handicapé à se qualifier pour les JO avec les valides, pourrait donner un coup de projecteur sur le handisport.
France Télévisions promet "un magazine de 52 minutes pour tous les grands moments de la journée" et "l'image du jour" à 20H30, tandis que son site internet retransmettra toutes les compétitions en direct.
"On a besoin d'images", insiste Laura Flessel. "On a besoin de reconnaissance pour aller démarcher (des sponsors), pour faciliter l'intégration des sportifs de haut niveau dans les entreprises".
Elle plaide d'ailleurs pour que les Paralympiques soient organisés moins longtemps après les JO. "Il faudrait aussi ne pas éteindre la flamme olympique" entre les deux compétitions, ou bien qu'on "mêle les deux flammes", celle des JO et celle des Paralympiques, plaide encore la championne.
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