En ce printemps électoral, le sous-titrage généralisé avait enfin droit de cité dans les spots des différents partis. Un premier pas bien timide... Chaque candidat pouvait en effet demander la traduction de ses modules en langue des signes mais, pour ne pas compromettre la grandeur du message politique par une petite « fenêtre » ouverte sur le handicap, tous y ont apparemment renoncé ! Ne désespérons pas puisqu'à l'avenir le CNCPH prévoit que tous ces modules soient audiodécrits. Page électorale refermée, qu'en est-il, plus globalement, du mariage télé et handicap ? A priori, pas très heureux... Pourtant, dans le compte-rendu des actions menées en faveur de l'accessibilité aux programmes télévisuels, qu'il s'est engagé à remettre chaque année CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) dresse un bilan de l'année 2011 (21 pages) qu'il prétend « positif ».
Sous-titrage : les chaînes s'y mettent !
Rendre les programmes accessibles aux personnes souffrant d'un handicap auditif ou visuel, c'est l'une des missions du CSA. A cet effet, il a ouvert, sur son site internet, une rubrique consacrée à l'accessibilité des programmes. Les chaînes France Télévisions, TF1, M6, Canal + et TMC, dont l'audience dépasse 2,5 %, devaient respecter l'obligation de rendre la totalité de leurs programmes accessibles, par le biais d'un sous-titrage spécifique. Pari tenu ! Seule W9 plafonne à 76 %. Quant aux chaînes hertziennes, pour lesquelles le seuil était fixé à 40 %, elles ont, pour la plupart, dépassé cet objectif. Pour les chaînes diffusées par câble, satellite ou ADSL, le taux de 20 % a été également atteint. Implication similaire de la part des chaînes d'information en continu. BFM TV, i>Télé et LCI ont diffusé trois journaux sous-titrés en semaine et quatre le week-end et les jours fériés. La répartition des horaires de diffusion permet dorénavant aux téléspectateurs déficients auditifs de bénéficier d'informations à toute heure.
Une norme pour les sous-titres
Depuis 2011, l'ensemble des éditeurs de la TNT sont encouragés à diffuser les sous-titres selon la norme DVB_Subtitling, d'une graphie plus agréable que celle de type « télétexte ». Pour faciliter la lisibilité des sous-titres avec des caractères blancs sur une image à fond blanc, le CSA invite les chaînes de la TNT à utiliser un bandeau sombre. Le groupe de travail « Accessibilité » du CNCPH a également rédigé, en collaboration avec l'UNISDA (Union nationale pour l'insertion sociale du déficient auditif), une charte sur la qualité du sous-titrage, signée en décembre 2011. Enfin, le CNCPH incite les fabricants de récepteurs TNT à proposer au moins un produit qui vocalise en langue française l'ensemble des informations textuelles s'affichant à l'écran pour permettre aux malvoyants de naviguer dans les menus.
Traduction en LSF
Il n'existe aucune obligation, à la télévision, de traduire des émissions en LSF (Langue des signes française), parlée par 80 000 Français sourds. Néanmoins, certaines chaînes ont pris le parti de joindre le geste à la parole... C'est notamment le cas de trois chaînes publiques (France 2 avec son JT diffusé à 6 h 30 et 8 h 30, France 3 avec les « Questions parlementaires » du mercredi, et France 5 avec « L'oeil et la main » le lundi et le samedi), trois chaînes d'information (à 13h sur BFMTV, 16h30 sur i>Télé et 20h sur LCI), une chaîne de sport (Infosport avec un JT à 16 h 45), trois chaînes pour les enfants de 3 à 6 ans (Piwi avec « Au pays des signes » et « Barbapapa » ; Disney Juniors avec « Bali » et « Les escapades de Winnie l'ourson », Tiji avec « Sur le bout des doigts » et « Devine quoi »). Quant à Gulli, seule chaîne jeunesse de la TNT gratuite, elle traduit « Fais-moi signe » et « À qui veut l'entendre », en complément de ses programmes sous-titrés.
Audiodescription en hausse
Concernant les programmes en audiodescription, destinés cette fois ci aux personnes aveugles ou malvoyantes, France Télévisions, TF1, M6, Canal +, TMC et W9 sont allés au-delà de leurs obligations. En 2011, le CNCPH a poursuivi des travaux techniques avec les éditeurs en concertation avec les fabricants de récepteurs TNT afin de faciliter l'accès à la piste d'audiodescription.
Handicap, télévisible ?
Au-delà de ces considérations techniques, se pose une autre question : le handicap est-il télévisible, à défaut d'être télégénique ? On pourrait en douter tant l'apparition des personnes handicapées dans les fictions télévisées reste limitée. Puisque cette visibilité ne semble se faire spontanément, le CSA, par le biais de son « Observatoire de la diversité », a également pour mission de lutter contre cette forme de discrimination. Des résultats encourageants sur l'amélioration de la représentation du handicap ont été enregistrés en 2011, et de nouveaux engagements sont formulés pour 2012. Pour faire en sorte que notre petit écran soit à l'image de la diversité de la société française !