J.M Maillet Contoz: Mais c'est quoi, être handicapé ?
A la lecture des résultats de l'enquête INSEE publiés dernièrement on peut se poser la question de la définition du handicap en France.
A la lecture des résultats de l'enquête INSEE publiés dernièrement on peut se poser la question de la définition du handicap en France.
Pour la COTOREP il n'y aurait que 6 millions de personnes handicapées en France, pour 12 millions selon l'INSEE.
Si la COTOREP attribue la carte d'invalidité ou la reconnaissance de travailleur handicapé,
le barème qu'elle utilise n'est ni celui de la classification internationale du Handicap, ni celui utilisé par l'INSEE. Alors qui a raison ?
Il est particulièrement intéressant de se poser la question car les conséquences sont lourdes à beaucoup de niveaux.
Si on se situe du point de vue de l'INSEE, le handicap concerne 20% de la population,
ce qui n'est pas une paille et change considérablement notre représentation du handicap.
Dans un premier temps, au niveau de sa définition, puisqu'une personne qui souffre de problèmes de cheville et qui peine à monter les escaliers est reconnue handicapée, une autre qui a des difficultés à se couper les ongles des orteils l'est aussi.
Dans un deuxième temps, au niveau de sa représentation numérique. Avec 20% de personnes reconnues handicapées on peut à juste titre se dire que notre voisin est sans doute handicapé et qu'il ne le dit pas. On peut tout aussi bien être soi-même dans la grande famille du handicap sans en avoir conscience ou en le refusant.
Pour l'INSEE, le sens de «handicap» est aussi large que banal et l'environnement de la personne correspond à un facteur aggravant ou atténuant. Quotidien, ou provisoire, il fait partie de la vie de tous à un moment ou un autre. Les handicaps les plus sévères sont aussi reconnus et repérés dans l'un des 7 groupes qui composent l'ensemble des 12 millions handicapés en France. C'est une approche sociale qui ne touche pas l'affectif.
La COTOREP ou la Sécurité sociale, dans la reconnaissance du handicap tiennent compte dans un premier temps de la pathologie et du niveau d'incapacité qu'elle génère. Elle dispose pour cela de son propre barème. La difficulté a mener une vie sociale ordinaire du fait du handicap entre aussi dans la réflexion. La reconnaissance d'une incapacités quelle qu'elle soit doit être reconnue par un médecin. la COTOREP ou la Sécurité Sociale attribue selon la pathologie, un pourcentage d'invalidité, lié à l'incapacité à accomplir les actes essentiels de la vie courante, tels que manger, se laver, s'habiller, tenir une hygiène convenable ou aller aux toilettes. Cette reconnaissance du handicap est évidemment plus restrictive que celle de l'INSEE car elle ouvre droit à des avantages divers et variés sur une durée plus ou moins longue. Ces droits peuvent générer un coût pour la société.
Du même coup elle fait entrer les personnes handicapées dans le coté pesant, excluant caritatif et consommateur d'argent public. Les personnes reconnues handicapées par la COTOREP subissent une lourde machinerie administrative et prennent sur leur épaules tous les préjugés, les symboles douteux et archaïques que la société française lie au handicap. La définition de la COTOREP correspond à l'imagerie populaire du handicap ancrée en chacun de nous depuis de nombreuses générations.
Des approches différentes qui ne nous donnent pas de réponse sur ce qui est à la fois, une question de capacités, d'environnement et de point de vue. Le handicap, s'il dépend de tous ces critères est aussi et surtout une sorte de culture sociale que l'on se transmet à travers les générations. Une sorte de dogme, un repère social qui permet de se représenter dans la réussite et le bien être ou non. Dans la société judéo-chrétienne les handicapés sont l'indispensable pendant d'un équilibre social dans lequel chacun est libre de situer.