Les séries TV s'emparent enfin du handicap

Les séries mondiales s'emparent enfin du handicap, les réalisateurs n'hésitant plus à dépeindre des héros affectés de paralysie, troubles bipolaires ou d'Alzheimer, une avancée saluée par les associations représentant les personnes malades.

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PARIS, 25 avr 2013 (AFP) -Lors d'un festival de la série qui se déroule cette semaine à Paris, "Séries mania", plusieurs productions abordent la maladie. A commencer par le thriller britannique "The fear", où Peter Mullan incarne un entrepreneur mafieux atteint d'Alzheimer. Lorsqu'on fait lire le scénario au comédien, ce dernier croit d'abord à "une blague", raconte-t-il à la BBC.

"Mais après, poursuit-il, j'ai réfléchi sur le fait que c'était une façon très différente de parler de la maladie, plutôt que de faire un réquisitoire contre le service de santé avec des personnes âgées traînant en pantoufles".
L'Association Alzheimer en Grande-Bretagne a applaudi "The fear": "Il y a 800.000 personnes atteintes de démence en Grande-Bretagne. Nous aurions aimé voir plus de programmes de qualité abordant ce sujet important", a-t-elle souligné.
Le festival de la série propose également au public de visionner quelques épisodes de "The Boss", thriller politique américain sorti en 2011 et salué par la critique internationale. Ici, le tout puissant maire de Chicago est atteint de la démence à corps de Lewy, un grave trouble neurologique incurable.
Dans la série dramatique québécoise "Mon meilleur ami", un homme devenu paraplégique après un accident doit repenser son couple, ses amitiés, son quotidien. Il y a aussi au programme "Legit", une comédie déjantée où un homme s'occupe d'une manière peu orthodoxe d'un trisomique.

"On humanise les héros"

D'autres séries déjà diffusées dans différents pays ont aussi abordé la question du handicap, comme les américaines "The big C" (l'héroïne est frappée d'un cancer au stade avancé impliquant des handicaps) et "Homeland" (un des personnages principaux souffre de trouble bipolaire), les françaises "Vestiaires" (le handisport) et "Caïn" (le héros est un policier en fauteuil roulant).
"On humanise les héros. Notre société exorcise la peur qu'elle a toujours eue du handicap. La capacité d'accepter la fragilité est un signe de maturité", assure Christel Prado, directrice générale de l'association française Unapei, qui représente les personnes handicapées mentales et leurs proches.
"Le regard sur les personnes handicapées peut changer grâce à la série", estime pour sa part Arnaud de Broca, secrétaire général de l'association française des accidentés de la vie.
"L'avantage des séries, c'est qu'on voit les personnes handicapées dans la vie quotidienne. Elles donnent le temps au personnage de s'installer et montrer ce que c'est que vivre avec un handicap", ajoute M. de Broca.
La publication du tout premier rapport international sur le handicap, publié en 2011, a contribué à la prise de conscience des producteurs de TV et cinéma sur l'importance de la maladie dans notre société, estime l'anthropologue Charles Gardou, de l'université de Lyon II.
Ce rapport co-signé par l'Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale a révélé que "plus d'un milliard de personnes vivent avec un handicap sous une forme ou une autre".
"Auparavant, on pensait que c'était une personne sur dix. Le rapport montre que c'est une sur sept. Si on prend en compte l'entourage, c'est une sur trois", dit-t-il.
"Peu à peu, l'idée que la fragilité est inhérente à la condition humaine pénètre dans les mentalités alors qu'on estimait qu'elle était anormale, parce qu'elle faisait peur", ajoute-t-il.
Et de citer également les succès populaires au cinéma des films français "Intouchables", qui met en scène un tétraplégique, et "De rouille et d'os" où une dresseuse d'orques perd ses jambes dans un accident de travail.
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