LE RETOUR APRES UNE LONGUE ABSENCE apparaît comme un moment à haut risque : le temps a passé, les choses ont changé, le handicap a pu évoluer. Maintenir les liens, préparer le retour et accueillir les changements semblent être la meilleure voie pour passer le cap.
1 Le retour a été dur. Mais ce qui m'a motivé à revenir, c'est de travailler avec mes collègues, des gens sympas.Être avec eux est devenu plus important que ce que je fais avec eux. Le contact au jour le jour, la vie
sociale, la reconnaissance, le fait d'appartenir à une équipe, à une même entreprise, à un même coin de
bureau, le fait de faire des choses ensemble, de faire partie de l'aventure. Autant de choses qui me font me sentir inclus et non exclu.
2 Je suis née avec mon handicap visuel. Je suis aveugle d'un oeil et dispose d'une prothèse pour le second. J'ai dû partir six mois aux États-Unis pour me faire opérer des yeux afin de recevoir une nouvelle prothèse visuelle. Lorsque je suis revenue au bureau, il a fallu trois semaines à ma responsable pour me redonner pleinement sa confiance. La personne qui me remplaçait est tout de même restée trois semaines avec moi. La raison est que ma responsable doutait de mes capacités. Elle avait peur que je me fatigue. Il aura fallu ce temps-là pour rétablir la confiance.
3 J'étais absente quatre à huit semaines par an, pendant trois ans, toujours de manière imprévue, à cause de dépressions régulières. Grâce à une collègue, j'ai pu tenir le coup et gérer le retour au travail. Elle m'envoyait
des SMS : « Personne ne te juge. Ne t'inquiète pas », « On ne te posera pas de questions ». Et je l'ai crue. Quand je suis revenue, il n'y a pas eu une seule réflexion de la part de mes collègues. C'était comme avant.
4 Quand je suis revenue après neuf mois d'absence, j'ai changé de poste, car je n'étais plus capable d'assumer l'ancien. Mais on m'a toujours intégrée. Mon hiérarchique me disait : « Je préfère avoir la moitié d'une Mireille que pas de Mireille du tout. » Je pense que la bonne ambiance qui m'environne malgré mon handicap est le fruit de ce que j'ai fait avant, quand j'ai commencé avec cette équipe que je ne connaissais pas. Pour moi, le travail en équipe, c'est essayer de faire coller au mieux toutes les individualités de gens qui travaillent ensemble. Je récolte aujourd'hui ce que j'ai dit à cette époque-là, quand tout allait bien.
5 Quand ma déficience visuelle est survenue, j'ai pensé que c'était fini, que j'étais mort. À mon retour dans l'entreprise, suite à un an d'absence, où j'ai repris conscience de ce que je pouvais faire, j'ai créé et développé un programme électronique destiné à faciliter les déplacements des déficients visuels comme moi. J'ai pu travailler à mi-temps sur ce projet que j'ai codirigé. Cette démarche a clairement facilité mon retour.
Le regard du coach
Une absence longue, ce sont des liens qui peuvent se distendre, une confiance qui peut s'effilocher, un environnement professionnel qui peut avoir changé. Ce sont aussi parfois des doutes sur ses propres compétences, une appréhension sur le fait de devoir raconter les raisons de son absence. Ces peurs sont légitimes, bien sûr. Mais elles ne sont pas toujours fondées. Comme le montrent les témoignages, le retour dans l'entreprise se passe aussi souvent très bien. Il est donc essentiel de s'y confronter, de ne pas rester prisonnier de représentations négatives, voire d'envisager ce retour comme un nouveau départ.
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