Rapport de la Cour des Comptes
PARIS, 26 juin (AFP) - La politique menée en faveur des personnes handicapées est marquée par des "résultats décevants" même si la volonté des
pouvoirs publics "n'est pas remise en cause", estime la Cour des comptes dans un rapport rendu public jeudi.
Intitulé "la vie avec un handicap" et ayant nécessité un an et demi d'étude, ce document vient alimenter - en cette année européenne des personnes handicapées - un consensus large sur les problèmes spécifiques dans le champ du handicap.
Ce rapport avait l'ambition de "faire le point sur la mise en oeuvre de l'obligation nationale" couvrant tous les âges et tous les types de handicap, un principe inscrit dans la première grande loi d'orientation de 1975.
Or, conclut la Cour, l'enquête "a fait apparaître la persistance de nombreuses zones d'ombre et une complexité aggravée, voire des résultats décevants, bien que la volonté de maintenir le cap et de faire face à des
problèmes nouveaux de plus en plus difficiles n'ait jamais été remise en question".
Depuis 1975, force est de constater que la "difficulté" à préciser le concept de handicap et à dénombrer les personnes handicapées demeure, guère atténuée par des dispositifs statistiques "éclatés" et la "faiblesse" de la recherche publique.
On totalise en France 280.000 personnes grabataires mais 23,6 millions de personnes ayant un handicap, port de lunettes inclus. L'Insee, à partir de la notion de taux d'incapacité, distingue 4 millions de Français handicapés.
De même, "la récapitulation des dépenses publiques en faveur de personnes handicapées" - au moins 26 milliards d'euros en 2001 - ne peut être effectuée qu"avec une marge d'imprécision", souligne la Cour.
[B2]Constat sévère[E2]
La deuxième partie du rapport, aborde le "coeur" du sujet, la "situation de handicap aux différents âges de la vie": enfance et adolescence, insertion dans le monde du travail, personnes handicapées vieillissantes.
La Cour dresse un constat sévère: "les dispositifs, les services et les équipements s'adaptent mal et lentement à l'évolution des besoins des personnes handicapées".
La question de la scolarisation des enfants handicapés est "très préoccupante".
"Parmi les 125.000 jeunes accueillis en établissements médico-sociaux, plus de 30.000 ne seraient pas scolarisés (25.000 selon l'Education nationale), soit près du quart, une proportion qui atteint 78% en cas de retard mental profond et 94% en cas de polyhandicap", note la Cour.
Chez les enfants entre 6 et 16 ans vivant à domicile, entre 5.000 et 14.000 n'ont jamais été scolarisés.
La Cour rappelle ensuite le taux "élevé de chômage" des personnes handicapées (26% contre 9% en moyenne nationale). Et l'objectif légal de 6% de travailleurs handicapés dans les entreprises d'au moins 20 salariés est "encore loin d'être atteint" avec "dans la plupart des départements", un taux n'excédant pas "entre 3 et 4,5%".
Les réticences des employeurs "s'expliquent par l'âpreté de la concurrence et la méconnaissance de la réalité du handicap".
Autre indicateur, la sortie du travail protégé (dans les centres d'aide au travail) était en 1998 de moins de 5%, dont seulement 0,3% vers le milieu "ordinaire".
Enfin, le phénomène nouveau des handicapés vieillissants "commence seulement à susciter l'intérêt". Avançant l'estimation de "150.000 personnes handicapées mentales qui atteindront l'âge de 60 ans dans les dix prochaines
années", la Cour souligne la "nécessité " que l'Etat retrouve son rôle de pilotage.
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