Comment, dans la dernière ligne droite, assurer l'accueil et l'accessibilité des Jeux de Paris 2024 ? En réunissant un panel d'initiés aux aléas de l'accessibilité et autres contraintes du handicap. C'est le choix fait par le gouvernement le 12 avril 2023. Un « format inédit », selon lui, pour ce « groupe d'experts d'usage » qui doit s'assurer que ces « Jeux seront à la hauteur de la promesse faite dès la candidature », c'est-à-dire « donner aux personnes en situation de handicap la place qui leur revient au sein de la compétition et des festivités, et plus largement dans la société française ».
Les associations toujours inquiètes
Ils sont quatorze à assumer ce dessein planétaire, issus de différentes associations (AFM-Téléthon, APF France handicap, Fédération française du sport adapté ou handisport, membre du Conseil français des personnes handicapées pour les questions européennes mais aussi du réseau francophone des villes amies des aînés...). Cette réunion de lancement s'est faite en présence d'Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, et de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Personnes handicapées. De quoi rassurer les associations concernées ? Malgré l'ambition affichée, APF France handicap craint que les futurs dispositifs soient insuffisants, envisageant même un « scénario noir » pour les 350 000 visiteurs handicapés attendus. « Nous avons le sentiment que le sujet n'est pas fortement porté », commentait Patrice Tripoteau, directeur de l'association, en février 2023, souhaitant faire émerger la question en cette « période charnière » (Lire : Paris 2024 : vers des JO accessibles, des asso inquiètes). Est-il encore temps de mettre les bouchées doubles ? Rappelons que, déjà, en octobre 2022, le premier comité stratégique des mobilités s'était réuni pour assurer des transports optimaux pour les 800 000 personnes qui devront être acheminées chaque jour vers les sites de compétition. Au-delà de l'accessibilité des visiteurs handicapés, c'est un « héritage » qui doit être laissé aux Franciliens (Lire : Paris 2024: un comité mobilités planche sur l'accessibilité).
Des besoins concrets mais pas toujours similaires
Objectif de cette nouvelle mission, même si la définition de ces experts « n'est pas encore précise », selon les ministères : détailler, tester et améliorer les solutions de transport et d'accueil pour les personnes en situation de handicap. C'est dans cette phase de livraison, un « moment clé », que leur expertise est requise afin de s'assurer que l'accessibilité pensée par chaque contributeur n'est pas perdue au moment où l'on assemble les travaux de chacun. Les personnalités choisies sont là pour partager leur ressenti et leur expérience concrète avec les différents interlocuteurs, afin d'élaborer l'expérience des futurs spectateurs, athlètes et délégations. L'idée étant de trouver des solutions pragmatiques qui permettront de répondre aux difficultés identifiées dans le temps imparti. Le Collectif handicaps, qui rassemble une cinquantaine d'associations du champ du handicap, analyse la situation en ces termes : « Ce groupe aura la lourde charge de mettre la pression à tous les acteurs ». La réunion du 12 avril a permis, selon lui, « l'affirmation d'une volonté politique et des éléments de méthode mais l'ambition positive devra se traduire en actes ». Pour autant, la tâche est complexe car, selon chaque personne, les expériences et besoins peuvent être bien différents. Selon le handicap, une annonce sonore peut être confortable pour les uns, gênante pour d'autres et inaudible pour certains. « Les avis ne seront pas toujours les mêmes », consent le gouvernement, ajoutant que « l'expérience attendue par un athlète paralympique sera également différente de celle d'un groupe de spectateurs venant d'un établissement médico-social ».
Différentes réunions sont prévues dans les semaines à venir, en particulier avec la RATP et la SNCF puisqu'une attention particulière sera portée à la chaîne de déplacement. « Tout le monde s'accorde sur le fait que le grand soir n'est plus possible en 500 jours... », conclut le Collectif handicaps, mais des tests in situ seront organisés ainsi que lors de compétitions, notamment la prochaine coupe du monde de rugby qui aura lieu en France du 8 septembre au 28 octobre 2023.
En avril 2023, le gouvernement lance également une grande consultation publique sur l'accessibilité de l'hôtellerie et de la restauration afin de recenser les établissements accessibles du Grand Paris et, à moins de 500 jours de cet événement planétaire, de mobiliser les professionnels du secteur (Lire : Paris 2024 : grande consultation sur l'hôtellerie accessible). Une enquête est à remplir en ligne jusqu'au 4 mai 2023 !