Comment Paris 2024 compte-t-il recevoir des dizaines de milliers de visiteurs en situation de handicap dans la Capitale alors que les hôtels et restaurants accessibles sont des perles rares ? Face à cette pénurie, les associations tirent le signal d'alarme depuis des mois déjà. Comment parer à l'urgence à moins de 500 jours des Jeux ? Dans la perspective de l'accueil de « tous les publics, notamment les personnes âgées et en situation de handicap », la Direction générale des entreprises (DGE) lance une consultation publique à destination des professionnels du tourisme (hôtels, cafés, bars, restaurants). L'objectif est de faire un état des lieux de l'accessibilité de leurs établissements, afin de constater les améliorations à apporter : renforcement du recensement des établissements accessibles, accompagnements possibles et meilleure information des professionnels aux obligations légales... Cette consultation publique en ligne s'adresse aux professionnels du secteur via un questionnaire ouvert, en ligne jusqu'au 4 mai 2023.
PMR : seulement 3 450 chambres adaptées
APF France handicap s'inquiète en effet du nombre de chambres adaptées dans les hôtels parisiens, « très limité malgré les obligations réglementaires ». « De nombreux établissements bénéficient de dérogations » du fait de l'ancienneté des immeubles, mais le parc de la capitale « s'améliore », déclare David Zenouda, un dirigeant de la branche parisienne de l'Union des métiers et des industries hôtelières. Pour l'heure, l'Office du tourisme a recensé 3 450 chambres adaptées aux personnes en fauteuil roulant dans le Grand Paris. Elle réalise un audit, dont les résultats sont attendus à la fin du premier semestre 2023, pour évaluer combien sont adaptées à d'autres types de handicap. Le ministère des Sports espère pouvoir orienter les spectateurs qui auront acheté des places vers ces hébergements préalablement identifiés.
Un référencement des offres accessibles
« L'organisation d'un événement international de l'ampleur des Jeux sera l'occasion de conforter le positionnement de la France en tant que première destination touristique mondiale. Pour y parvenir, la prise en compte de l'accessibilité de toutes et tous par les professionnels du tourisme est une priorité », expliquent Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée du Commerce et du Tourisme, et Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Personnes handicapées, dans un communiqué. Toutes deux jugent que le « référencement des offres accessibles est essentiel », encourageant par ailleurs les professionnels qui se sont engagés dans une démarche de mise en accessibilité à se signaler sur la plateforme de l'Etat dédiée, acceslibre, sur laquelle plus de 130 000 lieux, tous domaines confondus, sont référencés à ce jour.
Réponses lors de la CNH ?
Pour Olivia Grégoire, cette « consultation publique permettra d'avoir un état des lieux de l'existant, de recenser les besoins des professionnels et des clients et d'engager les actions nécessaires, dans l'optique notamment de l'accueil des Jeux olympiques et paralympiques 2024 mais aussi plus globalement pour assurer un accueil adapté dans le long terme ». Geneviève Darrieussecq réitère l'argument martelé depuis l'annonce des Jeux de Paris 2024, à savoir une « formidable opportunité d'accélérer l'accessibilité de notre pays ». Elle promet que la Conférence nationale du handicap (CNH) prévue le 26 avril 2023 à l'Elysée (Lire : Conférence nationale du handicap : 26 avril 2023 à l'Elysée) « accompagnera cette transformation, essentielle pour nos concitoyens en situation de handicap ».
Un groupe d'experts d'usage lancé
En parallèle, les deux ministres lançaient, le 12 avril 2023, un « groupe d'experts d'usage pour l'accessibilité universelle des Jeux », avec l'objectif de « détailler, tester et améliorer nos solutions de transport et d'accueil pour les personnes en situation de handicap ». Il aura la « lourde charge de mettre la pression à tous les acteurs pour rendre le plus accessible possible ces Jeux », a riposté le Collectif handicaps, encourageant le gouvernement à traduire cette « ambition positive » en « acte ».