"26 mois sans douche": un ex-détenu handicapé attaque l'Etat

45 000 euros, c'est ce que pourrait percevoir un ex-détenu handicapé, qui demande réparation pour avoir vécu dans des conditions de vie "indignes" lors de son séjour à la prison de Nantes, faute de cellule "PMR" disponible. Verdict fin janvier.

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Photo en noir et blanc d’un détenu qui tient les barreaux de sa cellule.

26 mois sans pouvoir se doucher, ni voir la lumière du jour en raison de « la boue, des racines et des rats », qui entravaient son accès à la promenade. C'est le calvaire qu'a subi un homme de 56 ans avec un handicap moteur, incarcéré de 2018 à 2020 au centre de détention de Nantes (Loire-Atlantique). Son avocat, maître Maxime Gouache, blâme cette « humiliation pour la République » et réclame 84 000 euros de préjudice à l'Etat, rapporte Ouest-France.

Son fauteuil mis à la porte

Atteint d'une polypathologie orthopédique, qui le contraint à se déplacer en fauteuil roulant, ce quinquagénaire a passé deux ans en « régime ordinaire », faute de place en cellule PMR -adaptée aux personnes à mobilité réduite. Les portes pour accéder à sa cellule -qu'il partageait avec ses codétenus- n'étant pas assez larges, il devait laisser son fauteuil à l'extérieur. Résultat : des déplacements limités et des journées entières scotchés sur sa banquette. Même galère pour les douches, non adaptées. Seule option : faire sa toilette au lavabo installé dans sa chambre. Mais, sans son fauteuil roulant, cela s'apparentait à un véritable numéro d'équilibriste.

Des bâtiments insalubres

A ces problèmes d'accessibilité, s'est ajoutée l'insalubrité notoire de ce centre pénitentiaire. Présence d'amiante, vétusté, manque d'entretien, abondance de déchets... Depuis plus de 15 ans, plusieurs associations et le contrôleur général des lieux de privation de liberté s'indignent de son « état très dégradé ». L'avocat du quinquagénaire décrit un quotidien « effroyable » et « révoltant », dans les colonnes de Ouest-France. Après de nombreuses alertes, le détenu obtient un transfert dans un autre établissement en 2020.

45 000 euros de préjudice ?

Près de cinq ans plus tard, il demande réparation à la Justice pour ces « conditions attentatoires à la dignité humaine ». Le 7 janvier 2025, lors de l'audience, le rapporteur public du tribunal administratif de Nantes a exhorté à condamner l'administration française à lui verser 45 000 euros. Verdict attendu fin janvier.

© Science photo library / Canva

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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