Une part croissante et aujourd'hui majoritaire des mineurs confiés à l'adoption internationale sont désormais des enfants "à besoins spécifiques", c'est-à-dire relativement âgés, en fratrie, ou handicapés physiques ou mentaux, selon une étude de l'Ined (l'Institut national d'études démographiques) publiée en février 2015. La "pénurie" de mineurs adoptables à l'international est due au déclin du nombre de mineurs orphelins ou abandonnés, et à l'essor des adoptions nationales dans les pays d'origine.
France : un quart présente une pathologie
En France, le nombre des adoptions à l'étranger a augmenté des années 70 jusqu'au milieu des années 2000 (4 136 en 2005), afin de chuter à 1 343 en 2013, le plus bas niveau depuis le début des années 80. Les derniers chiffres du ministère des Affaires étrangères, en ligne sur son site, confirment cette tendance avec une nouvelle baisse de 20% en 2014, à 1 069 adoptions. La part d'enfants "à besoins spécifiques" est de 63% de ce total. Un tiers des adoptés internationaux a plus de 5 ans, et un quart présente une pathologie.
Des adoptions en chute libre
Entre 2004 et 2013, le nombre d'adoptions internationales de mineurs a chuté des deux tiers, retombant au niveau du début des années 80 : il est passé de 42 194 à 15 188 dans les dix pays qui adoptent le plus à l'étranger (Etats-Unis, France, Espagne, Italie, Allemagne...), selon l'Ined. Par contraste, les adoptions sont principalement nationales dans des pays comme le Portugal et le Royaume-Uni. La baisse des adoptions internationales entre 2004 et 2013 a été de "seulement" 17% en Italie et 36% au Canada, mais elle a atteint 67% en France, 79% en Espagne et 80% en Norvège. Sur cette période, les deux principaux pays d'origine sont restés la Chine et la Russie, mais le nombre de leurs mineurs ayant été adoptés à l'international a baissé des trois quarts.
Vers une augmentation de la gestation pour autrui ?
Certains pays ont durci leurs conditions, d'autres (Roumanie, Bulgarie, Guatemala, Vietnam) ont imposé un moratoire sur les adoptions internationales, le temps de mettre en place des mesures de contrôle plus efficaces dans la lutte contre les trafics d'enfants. Selon l'Ined, "le déclin des adoptions ne sera pas sans conséquence dans les pays d'accueil comme la France : on peut s'attendre à une augmentation des demandes de procréation médicalement assistée, ainsi que de gestation pour autrui".
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