Handicap.fr : Cet anniversaire de 30 ans, le 3 octobre 2017, un vrai succès (article en lien ci-dessous) ?
Anne Baltazar : Nous n'avons eu que des retours très positifs avec des moments de bonheur ou d'émotion, et de belles rencontres… Il fallait un évènement ambitieux pour présenter notre nouveau plan stratégique.
H.fr : Plusieurs représentants de l'Etat étaient présents, un message positif ?
AB : Oui, nous sommes contents de leur implication. Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du Handicap, est venue s'exprimer tandis que Muriel Pénicaud faisait une allocution en vidéo.
H.fr : Certains reprochent d'avoir loué la prestigieuse salle de la Seine musicale alors que l'Agefiph connait des difficultés de financement.
AB : Oui, cela a coûté un peu d'argent mais l'emploi des personnes handicapées a besoin de visibilité. Il fallait frapper fort, l'événement se devait d'être à la hauteur des enjeux. Nous avions convié des entreprises et des élus pour en faire un évènement grand public et pas seulement entre initiés. Il a d'ailleurs bien occupé les réseaux sociaux le 3 octobre avec notre #agefiph2017.
H.fr : Les medias généralistes étaient donc présents ?
AB : Certains, comme Le Monde, Les Echos, France Télévisions, l'AFP ou AEF (Agence d'informations spécialisées) … Cet évènement a donné un peu de lumière et de panache à nos actions, notamment dans les medias qui ont besoin de comprendre les questions relatives à l'emploi des personnes handicapées. Sensibiliser et expliquer fait aussi partie de nos missions.
H.fr : La question des réserves en baisse n'a pas été abordée ?
AB : Ce n'était pas le sujet. D'autant que l'Agefiph n'est pas aux abois. On observe un frémissement de la reprise, avec 101 000 entreprises assujetties, soit 1.4 % de plus en trois ans, et des tendances à la hausse de la collecte. Je ne dis pas que nous sommes à l'aise mais nous sommes toujours à environ 400 millions d'euros de recettes. Pour autant, il est important de veiller à la pérennité du modèle économique de l'Agefiph.
H.fr : Il n'y a donc pas besoin de mesure d'urgence dans le PLF (Projet de loi de finances) 2018 ?
AB : Non, à condition qu'il n'y ait pas d'autres ponctions de l'Etat après le troisième prélèvement de 29 millions d'euros qui a été fait en 2017 sur nos réserves pour financer les contrats aidés. Reste maintenant à nous considérer comme un vrai partenaire, au sein d'un vaste réseau d'acteurs. Nous savons faire et nous avons encore un peu de moyens pour mener à bien notre mission. L'Agefiph se positionne aujourd'hui en véritable expert.
H.fr : L'Agefiph lance donc en 2017 son nouveau plan stratégique (en lien ci-dessous). De quoi s'agit-il ?
AB : Structuré autour de trois axes, cette nouvelle page écrite par l'Agefiph a pour ambition d'être au plus près des réalités du terrain, avec une offre d'intervention rénovée et une gamme de solutions nouvelles. Le premier axe vise la sécurisation des parcours professionnels, c'est-à-dire l'accompagnement des personnes tout au long de leur vie professionnelle, et s'attache à prévenir les ruptures de parcours, notamment en ouvrant plus tôt et plus facilement l'accès aux aides et prestations de l'Agefiph. Le deuxième entend mobiliser les entreprises et le monde économique et social en développant l'accompagnement des entreprises, en particulier des plus petites, et la dynamisation de la négociation collective. Enfin, le troisième axe s'adresse aux acteurs de l'emploi, de la formation, de l'orientation et du travail afin qu'ils prennent véritablement en compte l'insertion des personnes handicapées. Ainsi repositionnée, l'offre de l'Agefiph se veut « plus visible et plus lisible ». Elle sera mise en œuvre début 2018 avec des résultats escomptés d'ici la fin de l'année.
H.fr : Quels sont les défis majeurs à relever ?
AB : Le niveau de chômage des personnes handicapées se situe à 19%. Ce n'est pas acceptable. Il faut, pour changer la situation, mobiliser plus d'entreprises et surtout les plus petites. L'Agefiph a entamé un processus de rénovation. Nous nous positionnons sur les adaptations et les compensations vraiment spécifiques. A l'inverse, la formation des travailleurs handicapés ne doit plus être autant de notre ressort et relever davantage du droit commun. C'est toute l'ambition de notre nouveau plan stratégique, qui entend ouvrir davantage et améliorer la qualité. Plus globalement, il faut passer de l'obligation d'emploi à la banalisation du handicap en entreprise.
L'intégralité de la journée est visionnable dans la vidéo ci-dessous.
© O. Sochard/ Agefiph 2017