"Ras-le-bol des remerciements, nous voulons des actes !" : les professionnels de l'aide à domicile pour les personnes âgées ou handicapées ont fait part, le 3 décembre 2020, de leur colère et de leur impatience à voir les pouvoirs publics augmenter enfin les salaires, dans un secteur notoirement sous-payé.
Hausse de 12 % attendue
"Notre secteur est en dehors des radars des politiques publiques", a déploré lors d'une conférence de presse Stéphane Landreau, secrétaire général de la Fédération nationale d'aide à domicile (FNAAFP/CSF). "Il y en a ras-le-bol des 'vous êtes formidables !'. Maintenant il faut des actes, des aides, sinon le secteur ne va pas tenir", a martelé M. Landreau, qui s'exprimait au côté des responsables des trois autres grandes fédérations de l'aide à domicile, l'UNA, l'ADMR et Adedom. Les professionnels attendent que le gouvernement donne son feu vert à une hausse de 12 % des salaires, négociée en mai entre les partenaires sociaux, et qui coûterait près de 500 millions d'euros -à répartir entre les départements, en charge de l'aide à domicile, et l'Etat.
Revalorisation de 2,5 % insuffisante
Fin octobre, la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, avait avalisé une première hausse de 2,5 %, soit un effort de 85 millions d'euros. Mais les professionnels jugent cette augmentation nettement insuffisante, d'autant que la moitié des salariés -les plus mal payés- n'en profiteront pas (articles complets en lien ci-dessous). Les employés débutants sont en effet payés de longues années au Smic car leur indice salarial, tel que prévu par la convention collective, est inférieur au salaire minimal. Si bien que même lorsque l'indice augmente légèrement, le salarié reste au Smic. Le mois dernier, le gouvernement a renvoyé la question d'une nouvelle augmentation à une concertation avec les partenaires sociaux et les départements. Pour les fédérations, "il n'est pas question de détricoter" l'accord salarial conclu en mai, et toujours pas appliqué. "La seule chose sur laquelle on peut négocier, c'est un calendrier de mise en œuvre", a affirmé Marie-Reine Tillion, de l'UNA.
Campagne de communication à venir
Dans un secteur où de nombreuses salariées -les femmes sont largement majoritaires- travaillent à temps partiel, et où le salaire net mensuel moyen n'atteint que 916 euros, le manque d'effectifs est tel que les structures d'aide sont de plus en plus obligées de refuser de nouveaux bénéficiaires, a expliqué Mme Tillion. Les quatre fédérations lanceront en janvier une campagne de communication. "On va solliciter les Français pour qu'ils interpellent leurs élus, pour qu'enfin les choses avancent", a assuré Thierry d'Aboville, de l'ADMR.