Baluchonnage : la solution de répit des aidants longue durée

De 36 heures à 6 jours pour remplacer l'aidant, à domicile, et lui offrir un peu de répit. C'est ce que propose l'association Baluchon France. Né au Québec, ce concept s'implante dans l'Hexagone même s'il est encore pratiqué de façon expérimentale.

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« Baluchonner, ça fait penser à bichonner… », s'exclame Edith dans le documentaire Marie fait son baluchon. L'histoire se passe en 2005, à Montréal. Marie Gendron, infirmière et docteur en gérontologie, pose son « baluchon » plusieurs jours au domicile de Michel, atteint de la maladie d'Alzheimer, et de son épouse Edith. En 1999, Marie a inventé au Québec le « Baluchon Alzheimer ».

Remplacé H24

Son concept ? Un auxiliaire de vie vient remplacer l'aidant 24 heures sur 24 durant plusieurs jours au domicile du proche malade. Cette solution permet aux accompagnants, époux, parents, enfants, amis (…) de souffler et de s'accorder un moment de répit pendant que l'aidé reste dans son environnement familier. Vingt ans plus tard, l'idée de Marie Gendron rencontre toujours le succès, et a même traversé l'Atlantique. En 2013, l'association Baluchonnage France , affiliée à son homologue québécois, voit le jour. Il faudra tout de même attendre 2019 pour que sa pratique soit autorisée dans le cadre d'une expérimentation durant quatre ans (2019-2023), lancée par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) ; elle prévoit une dérogation au droit du travail (article 53 de la Loi pour un Etat au service d'une société de confiance) puisque la durée de présence en continu est supérieure à ce qui est d'ordinaire admis (article en lien ci-dessous).

Jusqu'à six jours au domicile de l'aidé

« Le choix a été fait de passer par une expérimentation afin de bien mesurer les bénéfices et impacts de la dérogation au droit du travail sur les aidants, les personnes aidées et les salariés concernés », peut-on lire sur le site gouvernemental. Pour rappel, en France, 11 millions d'aidants, soit 3 personnes sur 10 âgées de 18 ans et plus, assistent un de leur proche dans les actes de la vie quotidienne (article en lien ci-dessous). En 2022, 19 départements, en passant par l'Outre-mer, proposent l'intervention d'un Baluchonneur. Contrairement au « relayage », présent en France depuis plusieurs années, qui n'excède pas 48 heures (et qui ne nécessite donc pas de dérogation au droit du travail), le Baluchonnage® est plus long. Il s'exerce de 36 heures minimum à six jours consécutifs maximum au domicile de la personne aidée, âgée dépendante ou en situation de handicap (moteur, autisme, trisomie...). Aussi, le Baluchonneur est « obligatoirement un professionnel de l'aide à domicile salarié de l'un de nos services adhérents », affirme Baluchon France, qui dispense une formation dédiée à chacun de ces intervenants, sur la base du modèle québécois. Seize structures mandatées par l'association, spécialisées dans les services à la personne, prennent le relais localement, partout en France.

Une expérimentation qui prend fin en 2023

« En tant que Baluchonneuse, l'important c'est d'avoir le temps. Le temps de pouvoir s'occuper d'une personne pendant 24 heures, de pouvoir se mettre à son rythme », témoigne Sylvaine Diop dans un spot diffusé sur Twitter par le ministère de la Santé. Cette parenthèse offre aussi à l'aidant un sentiment de sécurité, poursuit Sylvaine : « Il est rassuré parce que nous nous sommes rencontrés déjà deux fois lors de la visite d'évaluation puis lors d'une autre visite plus pratique où l'on explique comment fonctionne la maison, quelles sont les habitudes ». « Ça me permet de m'évader un petit peu, de changer du rythme quotidien qui, à la fin, devient pénible, dur », ajoute de son côté Denise, aidante. Reste à savoir si ces prestations pourront s'inscrire durablement dans le droit du travail. « Nous espérons que, lorsque l'expérimentation prendra fin en décembre 2023, le gouvernement autorisera la continuation du Baluchonnage® afin qu'il soit déployé à tous types de structures d'aide à domicile, tout en respectant ce cahier des charges », explique l'association Baluchon France.

Côté tarif, il faut aujourd'hui compter en moyenne 100 euros par jour (ce tarif varie selon les services adhérents). Des aides au financement peuvent être envisagées selon les régions et la situation de la personne aidée, ces frais pouvant être en partie couverts par l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA) ou la Prestation de compensation du handicap (PCH).

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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