Bloquer un aéroport avec six fauteuils roulants, Handi-social réitère une nouvelle action coup de poing en s'invitant, cette fois-ci, sur les pistes de celui de Blagnac, à Toulouse.
Sans casse ni violence
Le 14 décembre, à 16h, une quinzaine de militants, parmi lesquels des gilets jaunes, des proches et quelques « valides » ont envahi le tarmac. « Sans haine, sans armes, sans casse, et sans violence », explique Odile Maurin, présidente de l'association. Accompagnés de quelques journalistes, ils ont simplement pénétré sur les pistes par deux grands portails ouverts, pourtant surveillés par une vigile, sans qu'aucun panneau n'en interdise l'entrée. Cette aire de stockage d'Airbus, située face à l'aérogare, donne directement sur les pistes.
Sprint sur les pistes
Fonçant en tête, Odile Maurin, rejointe par quelques manifestants, a atteint la piste la plus proche de l'aérogare tandis qu'une autre équipe bloquait la piste 2. Les renseignements territoriaux avaient été avertis quelques minutes avant l'action de façon à stopper le trafic aérien. Police, douanes et gendarmerie sont intervenus au bout de quelques minutes. Encerclés, les militants n'ont opposé aucune résistance mais, après quelques échanges avec les forces de l'ordre, deux personnes en fauteuil ont réussi à leur fausser compagnie pour « faire un sprint vers l'autre bout de la piste ». Les forces de l'ordre ne parvenant pas à les rattraper à pied, elles ont dû prendre un véhicule pour les stopper.
Au poste !
Les intrus ont été appréhendés, ainsi que les journalistes, puis emmenés vers la gendarmerie de l'aéroport. Il a fallu plus de deux heures pour réussir à transporter tous les fauteuils. Dans les locaux, Odile Maurin salue une « attitude très correcte des forces de l'ordre ». Les militants ont été relâchés vers 20h avec la promesse d'une convocation ultérieure, l'aéroport et les compagnies aériennes ayant déposé plainte. Bilan : 1h30 de blocage des pistes, tous les vols interrompus et 17 avions détournés vers Bordeaux et Marseille.
D'autres actions
Handi-social n'en est pas à ses premières actions, qu'elle mène à marche forcée depuis le début de l'année 2018. On lui doit : le blocage du convoi de l'Airbus A 380, de la cimenterie Lafarge, celui de la gare Matabiau de Toulouse, de nombreux péages et, très récemment, l'enfarinage du député Adrien Taquet. Si certains reprochent à l'association des méthodes « radicales, parfois sauvages et contre-productives », sa présidente s'entête et affirme que, face au manque de dialogue avec le gouvernement, elle ne voit pas d'autres façons d'être entendue. D'autant que ces actions spectaculaires ont le mérite d'attirer les médias et de mettre en lumière une « cause » souvent négligée.
Quelles revendications ?
L'association maintient son cap en revendiquant la mise en application de la convention de l'ONU que les droits des personnes handicapées, le retrait de l'article 64 loi ELAN (qui réduit le nombre de logements accessibles), le respect de la promesse d'installer des ascenseurs dès le troisième étage dans les constructions neuves, ainsi qu'un revenu d'existence décent, une vraie compensation du handicap et « la fin de tous les reculs de nos droits et de vraies avancées pour la vie autonome ».