Il était une fois une ethnie lointaine où les enfants nés avec des malformations étaient considérés comme des êtres à part, le choix des esprits. Aux confins du cercle polaire, les Inuits d'Amérique du Nord leur accordaient une aura à nulle autre pareille ; ils devenaient chamanes et jouaient un rôle précieux au sein de la communauté, alors même que les plus « vulnérables », ceux qui n'avaient pas la « chance » d'avoir un handicap visible, étaient répudiés, promis par délaissement à une mort certaine. Dans d'autres civilisations, sur d'autres continents, le sort réservé aux personnes affichant une différence n'a pas toujours été si enviable. Albinos, épileptiques, bossus, nains… A travers le monde, dans l'histoire de l'Humanité, le handicap a été le plus souvent honni. Au fil d'une visite dans les méandres du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, on découvre çà et là des objets qui permettent de comprendre la place qu'ont accordée différentes civilisations à la différence.
La 4ème semaine de l'accessibilité
Ce voyage ethnologique passionnant prend une toute autre envergure en ce mois de décembre. Car, cette année encore, le musée propose du 3 au 11 sa Semaine de l'accessibilité, 4è du nom, avec un focus spécifique sur l'accueil du public avec un handicap mental et des troubles psychiques. Situé en bord de Seine, au pied de la tour Eiffel, il s'attache à donner la pleine mesure de l'importance des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques, à la croisée d'influences culturelles, religieuses et historiques multiples. Il referme 370 000 œuvres que l'on découvre dans une ambiance tamisée et une accessibilité optimale imaginée dès sa conception par l'architecte Jean Nouvel et toujours pleinement revendiquée. Ses courbes douces encouragent la flânerie ; un exemple réussi d'accessibilité universelle.
Encore un week-end pour savourer
Tout au long de cette Semaine, 40 animations sont proposées. Leur objectif : explorer les cultures des 5 continents à travers les 5 sens et faire découvrir le travail d'artistes singuliers (musiciens, comédiens, dessinateurs…), pour certains en situation de handicap. Deux temps d'échanges sont également proposés pour interroger le regard sur le handicap dans le Monde et réfléchir à une évolution des politiques d'accessibilité culturelle. Ce programme est gratuit et accessible à un large public, concerné ou non par le handicap. Engagé depuis de nombreuses années en faveur de l'intégration des personnes en situation de handicap, Malakoff Médéric est mécène de cette nouvelle édition. Il ne reste plus qu'un week-end pour explorer toutes les richesses de cet espace ethnographique magistral : une découverte d'art graphique ou un atelier musical qui vous promet la « transe », une visite tactile des collections ou en LSF...
A longueur d'année
Mais que ceux qui auront raté ce rendez-vous se rassurent, la politique accessibilité du site est un engagement pérenne, et les visiteurs en situation de handicap pourront bénéficier d'un accueil et d'ateliers adaptés à longueur d'année : bandes podotactiles, rampes d'accès, ascenseurs, sièges pliants, loupes, lampes torches, tablettes avec commentaires en LSF… Tandis que le personnel est régulièrement formé à l'accueil de tous les publics. « Lieu de dialogue et de mixité, le musée du quai Branly est une référence en matière d'accueil des personnes en situation de handicap, déclare Hugues Du Jeu, directeur général délégué de Malakoff Médéric. Une meilleure connaissance de ces prestations et outils doit aider à lever les freins psychologiques pour faciliter l'accès pour tous des lieux de culture. » Un soutien pour la prochaine édition ? « Oui, certainement ».