Aujourd'hui, Philippe, vous allez nous parler chiffres. Les maths ce n'est pourtant pas votre spécialité…
Non mais vous allez voir que derrière les chiffres se cachent parfois de vraies histoires humaines, qui prennent tout leur sens à l'approche des fêtes… Si je vous dis 15, 17, 18 ou 112 ?
Ce sont les numéros d'urgence…
En effet mais il en existe bien d'autres qui permettent de répondre, soit à l'urgence médicale pour les personnes en situation de handicap soit à la détresse psychologique ou à des situations de maltraitance. Commençons par le 114. C'est impressionnant le nombre de gens qui n'ont jamais entendu parler du 114 (lien ci-dessous)... Ça me laisse sans voix ! Un petit jeu de mots facile pour vous présenter ce numéro du Centre national de relais des appels d'urgence dédié aux personnes sourdes, malentendantes ou aphasiques (qui n'ont pas l'usage de la parole). Il existe pourtant depuis 2011. Gratuit, 24h/24, 7j/7, sur le territoire métropolitain, il est accessible uniquement par SMS et fax. Et quand je parle « d'urgence », je parle de toutes les formes d'urgence : police, gendarmerie, sapeurs-pompiers, samu…
Maintenant, comment ça marche ?
Fort heureusement, pas comme moi, sinon, ça ne marcherait pas bien… Plus sérieusement : le dispositif par fax nécessite de disposer d'un fax, ce qui n'est pas toujours à la portée de tous. Alors, si vous me le permettez, je vais me concentrer sur la procédure SMS, déjà beaucoup plus commune ! En effet, nous sommes en 2017, bientôt 18 (tiens, encore un numéro d'urgence au passage…), et la grande majorité des Français est équipé d'un smartphone.
Vous pouvez nous donner un exemple concret ?
Je suis témoin ou victime d'un accident de la route. Je prends mon mobile pour rédiger un message court mais explicite qui décrit le plus précisément possible la situation : « Accident de voiture, 18 route des bois, Chambray-les-Tours ». Puis je l'envoie au 114. Entre 30 secondes et une minute plus tard, le 114 m'envoie un accusé de réception automatique qui indique : « Le 114 a bien reçu votre SMS et répond bientôt ». Puis un agent du 114 complète l'envoi automatique et demande des précisions. Selon l'urgence de la situation, il transfère la demande au service adapté le plus proche du lieu du sinistre et me prévient de l'arrivée prochaine des secours.
Il y a quelques restrictions tout de même ?
Oui, les limites du SMS ! Il pourrait, par exemple, avoir du mal à passer le 31 décembre à minuit, bloqué par la saturation du réseau lors du Nouvel an…
Un autre numéro à retenir, le 3977.
Là on est dans un autre domaine, celui des numéros d'aide et d'écoute, qui connaissent souvent une recrudescence des appels au moment des fêtes car ils doivent faire face à la détresse de certaines personnes qui se retrouvent, alors que le Monde entier s'apprête à faire la fête, plus que jamais isolées. Le 3977 est donc dédié à toute personne témoin (ou victime) d'une situation de maltraitance envers une personne, qu'elle soit âgée, handicapée ou, d'une manière générale, vulnérable. Issu du réseau national Alma, il répond de 9h à 19h, du lundi au vendredi, au coût d'un appel local depuis un téléphone fixe. Cette plateforme nationale existe depuis 2008. La prise en charge de la demande se fait alors en plusieurs étapes, qui peuvent parfois prendre du temps car les solutions sont multiples et peuvent impliquer de nombreux acteurs, y compris la justice. A ce titre, le 3977 n'est donc en aucun cas un numéro d'urgence et ne substitue pas aux opérateurs traditionnels.
Parlons maintenant du 01 40 47 06 06.
Femmes pour le Dire-Femmes pour Agir (FDFA) a décidé de mettre en place la première permanence d'écoute et d'accompagnement dédiée aux femmes handicapées victimes de violences. Cette association particulièrement militante est partie du constat que 80% en sont victimes. Pour tenter de répondre à ce fléau, ce numéro a donc été lancé en mars 2015. C'est une première en France. Ainsi, les femmes peuvent en toute discrétion contacter cette plateforme d'écoute à des horaires précis. Dix écoutantes formées leur répondent, en binôme. En dehors de ces horaires et en cas de besoin, elles peuvent néanmoins joindre l'association FDFA à son numéro habituel (01 45 66 63 97).
L'association a d'ailleurs réalisé un film très poignant sur ce sujet « Violences du silence » (article en lien ci-dessous), qui raconte des histoires réelles…
Pour finir cette chronique, vous voudriez nous parler non plus d'un numéro mais d'une nouvelle appli solidaire qui permet, elle aussi, de venir en aide à des personnes en situation de handicap au quotidien…
Oui, elle s'appelle Lpliz (en lien ci-dessous). Elle permet à des personnes fragiles, dont handicapées, de se signaler et de demander de l'aide lorsqu'une situation devient difficile pour elles. Ces personnes ne sont pas suffisamment handicapées pour susciter l'attention et pas assez valides pour se débrouiller seules en toutes circonstances. À certains moments, elles ont besoin d'une assistance qu'elles n'osent pas demander par timidité, par pudeur…
Mais, concrètement, comment ça fonctionne ?
J'identifie les lieux portant le label Lpliz où je sais que je recevrai une attention particulière. En cas de difficultés, je signale ma présence aux Lplizers qui sont autour de moi. Un Lplizer-aidant se signale à son tour et vient m'aider. Pour cela, il faut évidemment que aidants et aidés aient renseigné leur profil au préalable. C'est Lena, une petite fille frappée très tôt par la maladie, qui a imaginé cette appli avec sa famille.