Pourquoi l'emploi ne figurera-t-il pas (pleinement) au menu de la Conférence nationale du handicap ? Après que le gouvernement a annoncé la tenue de cette CNH qui doit s'achever en juin 2019 à l'Elysée sous les auspices d'Emmanuel Macron, certains se sont émus de cette impasse sur des sujets jugés pourtant prioritaires dans le quotidien des personnes handicapées. Des inquiétudes qui méritent une mise au point sur les attributions respectives de deux grands rendez-vous handicap : la CNH et le CIH. On comprendra alors que, contrairement aux apparences, l'emploi n'a pas été évincé.
CIH : il implique les ministères
Lors de sa prise de fonction, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au handicap, a défini deux grands chantiers inclusifs : l'école et l'emploi. Ils figuraient parmi les 5 priorités du CIH (Comité interministériel du handicap) qui s'est réuni pour la deuxième fois autour d'Edouard Philippe le 25 octobre 2018 ; les trois autres thèmes étant la simplification, l'accès aux soins et les nouvelles technologies. Le CIH, placé sous l'autorité du Premier ministre, est « chargé de définir, coordonner et évaluer les politiques conduites par l'État en direction des personnes handicapées » et d'établir, donc, une feuille de route pour chaque ministère, les chantiers restants ouverts dans la durée. Pour celui du Travail, la priorité du chantier de l'emploi des personnes handicapées a été rappelée. « Dans le cadre du CIH, ce sont les ministres qui ont la main pour mener les actions attendues, même si cela suppose une concertation avec tous les acteurs », explique Céline Poulet, secrétaire générale du CIH (article en lien ci-dessous).
CNH : elle mobilise les acteurs de terrain
Contrairement au CIH qui se réunit chaque année, la CNH a, en principe, lieu au maximum tous les trois ans, sous la présidence du Chef de l'Etat et s'appuie sur un autre mode de fonctionnement. En 2019, cinq grands chantiers nationaux ont également été définis : la prestation de compensation du handicap (PCH), la compensation des enfants, l'exil vers la Belgique, la gouvernance des MDPH et la pleine représentation des personnes en situation de handicap dans la construction des politiques publiques. Cette édition, qui sera déployée tout au long du premier semestre, promet une démarche inédite : « Il ne s'agit pas de mener une communication classique autour du handicap, poursuit Céline Poulet, mais de proposer des réponses sur certains chantiers qui n'ont jamais été pleinement ouverts jusqu'alors, comme la PCH. Les cinq grands chantiers nationaux permettent de co-construire les solutions de demain en partant des attentes des personnes et en associant TOUS les acteurs concernés. L'originalité de cette CNH est de faire appel à une mobilisation citoyenne, à des rencontres avec les ministres et de construire avec les personnes en situation de handicap des solutions pour améliorer leur quotidien ! » Cette mobilisation n'aurait donc pas pour objectif de rédiger un énième rapport mais de faire émerger des solutions concrètes. A ce titre, un comité de pilotage est mis en place afin de labelliser les pratiques et événements remarquables qui lui seront transmis et de suivre les actions en cours.
Des ministres en région
Les grands chantiers menés dans le cadre de la CNH et du CIH s'imbriquent donc, les uns n'excluant pas les autres. Ils sont menés en parallèle, avec des portages et des modes de travail différents. « L'emploi fait partie de la CNH comme tout domaine de la vie des personnes mais ne figure pas au programme des 5 grands chantiers puisque c'est déjà dans la feuille de route du ministère du travail 2018-2019 fixé par le CIH », poursuit Céline Poulet. Les ministres sont attendus en région dans leur champ de compétence ; Muriel Pénicaud mettra en valeur, lors d'un de ses déplacements, le travail des personnes en situation de handicap et la politique menée dans ce cadre. « Notre objectif est de faire avancer tous les sujets pour améliorer la vie des citoyens dans tous les domaines », conclut-elle.