« Coronavirus : soyons vigilants ensemble, personnes en situation de handicap, familles et professionnels », recommande le secrétariat d'Etat au Handicap. Alors que des mesures de confinement ont été prises dans plusieurs départements pour les écoliers et les personnes âgées, qu'en est-il pour les personnes en situation de handicap, pour certaines fragilisées et donc en première ligne face au virus ?
Un public fragile
Le gouvernement mentionne par exemple l'insuffisance cardiaque ou respiratoire, ou encore le polyhandicap, qui présentent « une vulnérabilité particulière au virus ». L'association France BPCO a d'ailleurs lancé un « cri d'alarme » pour les centaines de milliers de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive, sujets à une détresse respiratoire aiguë (article en lien ci-dessous). Quant au rassemblement national prévu le 5 mars à l'initiative d'APF France handicap contre la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH (article en lien ci-dessous), il a été annulé, principe de précaution oblige, l'association jugeant que « le profil potentiellement vulnérable d'un grand nombre de manifestants impliquerait la mise en place de mesures de prévention que l'association n'est pas en mesure de garantir ».
Une info en Facile à lire
Alors que le Covid-19 gagne du terrain sur tout le territoire, les interrogations se multiplient. Pas facile d'y voir clair au milieu d'informations peu fiables et de « fake news »… L'Unapei 34 a donc publié un document en FALC (Facile à lire et à comprendre). Destiné aux personnes déficientes intellectuelles ou maîtrisant mal le français, il apporte des informations essentielles, comme par exemple : définition et origine du virus, les gestes de prévention ou encore les bons réflexes à adopter. De son côté, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, a rappelé la nécessité pour les établissements et services de veiller à rendre leurs communications accessibles aux personnes accompagnées et de venir en appui des professionnels de santé (médecins de ville, personnels des hôpitaux…) pour leur apporter leur expertise dans la prise en compte des situations de handicap.
Réunion de tous les acteurs
La ministre s'est rendue le 6 mars 2020 au Centre Robert Doisneau (Fondation OVE, Paris 18ème) pour échanger sur les conditions de prévention et de traitement de ce coronavirus auprès des personnes handicapées accompagnées. « La mobilisation de la direction et des professionnels est tout-à-fait importante. Les gestes barrières sont appliqués, bien entendu, mais ils sont aussi expliqués aux personnes en situation de handicap afin qu'elles comprennent les mesures qui s'appliquent, et qui sont ajustées en fonction de l'évolution de la situation », a-t-elle déclaré. Elle a rappelé la mise en place d'un dispositif national pour les personnes accompagnées par les établissements et services médico-sociaux et par ceux intervenant à domicile, qui a fait l'objet d'une réunion le 3 mars avec l'ensemble des acteurs, en présence d'Olivier Véran, ministre de la Santé. Des protocoles nationaux validés par les autorités sanitaires et définissant la conduite à tenir pour protéger les personnes vulnérables tout comme les professionnels ont été communiqués. Ils doivent être mis à jour en continu pour s'adapter à l'évolution rapide de la situation sanitaire.
Des barrières robustes
L'ensemble des structures sont invitées à mettre en œuvre des « barrières robustes » et à nommer un référent Covid-19 au sein de chaque établissement, chargé de garantir le respect des mesures d'hygiène et d'assurer le lien avec l'ARS (Agence régionale de santé). Des affichages, visibles dès l'entrée de l'établissement, ainsi que dans tous les lieux de passage, doivent être placardés. Il est d'ailleurs recommandé de « ne pas rendre visite aux personnes fragiles et âgées à domicile comme dans les établissements médico-sociaux. Les mineurs et les personnes malades ne peuvent plus accéder à ces établissements, maternités comprises », tandis que « les personnes fragiles sont invitées, dans toute la mesure du possible, à rester chez elles ».
Mais, pour l'Uniopss (Union des organismes privés sanitaires et sociaux), le compte n'y est pas. Faisant remonter les « difficultés du terrain », elle a adressé, le 9 mars, une lettre ouverte à Edouard Philippe pour dire ses inquiétudes pour mettre en œuvre les mesures édictées par « manque de masques, de gel et de personnel suffisant », selon elle « un sujet de préoccupation majeur ». A cela s'ajoute certaines mesures de confinement (fermetures d'écoles) qui obligent certains salariés de zones à risque -on pense à l'Oise, notamment, qui recense de nombreux établissements dédiés aux personnes handicapées- à rester chez eux, ce qui ne « permet pas d'assurer la continuité de l'activité » auprès des résidents.
Qui contacter ?
Le gouvernement a mis en place un site généraliste « Information Coronavirus » (en lien ci-dessous). En parallèle, la plateforme téléphonique d'information « Nouveau coronavirus » est accessible au 0800 130 000 (appel gratuit depuis un poste fixe en France, 7 jours sur 7, 24h/24). En cas d'urgence (toux, fièvre, difficultés à respirer au retour d'une zone touchée par le virus) plutôt que de se déplacer chez son médecin ou aux urgences, il faut appeler le 15. Pour les personnes sourdes et malentendantes, c'est le 114, numéro d'urgence mis en accessibilité totale, qui doit être contacté. A noter que tous les points quotidiens réalisés par le directeur général de la Santé à la télé bénéficient désormais d'une traduction en langue des signes française.
La DGCS (Direction générale de la cohésion sociale) a diffusé, de son côté, des recommandations actualisées à l'attention des établissements et services accueillant des personnes âgées et handicapées précisant la conduite à tenir envers les publics et les professionnels. Pour ces derniers, une task force (ou organisation temporaire) a été créée au sein du Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales (CORRUSS). Une adresse mail dédiée recueille par ailleurs leurs interrogations : dgcs-alerte-covid@social.gouv.fr . Mais l'Uniopss déplore « la saturation » des numéros verts et des boîtes mails des cellules de crise.