Philippe, vous avez décidé de prolonger les vacances et de nous emmener à Rio...
Eh oui car le deuxième volet de la grand-messe du sport mondial débute le 7 septembre. Les Jeux paralympiques d'été, 15èmes du nom, se tiendront jusqu'au 18 septembre. 4 350 sportifs venus de 176 pays seront présents.
Vous étiez à Londres en 2012 et vous avez pris une grande claque.
Oui. Londres a été un tournant historique, voire une révolution pour les Jeux paralympiques qui, rappelons-le, ont été organisés pour la première fois à Rome en 1960. Nous avons vu à Londres des stades pleins à craquer et une ferveur inédite. 2,7 millions de tickets ont été vendus, le taux de remplissage des enceintes sportives (95%) s'élevant à un niveau pratiquement équivalent à celui des Jeux olympiques. On pouvait à l'époque déplorer que les medias français s'intéressent aussi peu à cette compétition... Mais, depuis, il y a eu beaucoup de mea culpa. Et, surtout on s'est rendu compte que ces athlètes de haut niveau nous délivraient un véritable spectacle de sports.
Quatre ans plus tard, ayant compris la leçon, France Télévisions a décidé de proposer une couverture médiatique sans précédent pour ces Jeux de Rio.
Oui, 100h de direct, une équipe de journalistes au complet et des plateaux en live. C'est une très bonne chose mais, cette fois-ci, je ne suis pas certain que l'euphorie populaire sera aussi grande. Il n'y avait déjà pas grand monde dans les tribunes des JO alors, pour les paralympiques, rien n'est moins sûr... Nous espérons que l'effet London ne sera pas qu'un feu de paille. C'est pour cela que j'invite tous les téléspectateurs à suivre, sur France Télévisions, ces jeux paralympiques 2016 ; les athlètes ont besoin de vous et de vos encouragements. Et pour lancer cette magnifique aventure, je vous propose de regarder le mercredi 7 septembre sur France 4, à 20h30, Super-Héros, un documentaire inédit retraçant le parcours de sept athlètes français (article en lien ci-dessous).
Les Jeux de Londres ont vraiment été un tournant majeur dans la perception qu'on a des athlètes paralympiques ?
Oui, depuis les choses ont considérablement bougé en termes à la fois de performance et d'image. Pour preuve un clip réalisé par la chaîne britannique Channel 4. C'est un pur régal ! Sur le tempo du super tube de Sammy Davis junior, Yes I can (Oui je peux), athlètes et artistes handicapés se lancent dans des prouesses insensées. Une pilote d'avion sans bras, un boxeur porteur de trisomie 21, un crooneur paraplégique, un danseur de claquettes unijambiste. Ils incarnent ces talents qui contribuent à battre en brèche les idées reçues sur les personnes handicapées (article en lien ci-dessous).
La contrepartie n'est-elle pas que le paralympisme commence à être touché par les mêmes défaillances et excès que le sport valide ?
Oui, on en a la triste illustration avec la récente décision du Comité international paralympique de suspendre la totalité de l'équipe russe pour "dopage d'Etat", ce que le CIO n'avait pas eu le "courage" de faire. Ça a fait un ramdam incroyable, d'autant que la Russie était 2ème au classement des nations à Londres. Les cas de dopage se multiplient aussi dans le handisport. Mais le message délivré par le Comité international paralympique est sans ambiguïté. Bravo !
Venons-en maintenant à notre délégation tricolore. A quoi ressemble-t-elle ?
Elle sera composée de 230 personnes avec 126 sportifs (42 femmes et 84 hommes) dont deux guides pour un coureur aveugle en athlétisme et un barreur en aviron.
Et qui est notre porte-drapeau ?
C'est le tennisman Michaël Jérémiasz, médaillé à 4 reprises aux Jeux en tennis fauteuil, dont l'or en double à Pékin en 2008.
Dans combien de sports la France sera-t-elle engagée ?
Dans 17 des 23 sports présents à Rio, soit 15 sports individuels et 2 sports collectifs. Le canoë et le triathlon feront leur entrée à Rio.
Quelles sont nos chances de médailles ?
La délégation française vise un retour au plus haut dans le top 15, avec la dixième place en ligne de mire. Pour atteindre cet objectif, les athlètes français ont pour ambition de dépasser le total de 8 médailles d'or remportées en 2012 à Londres qui avait placé la France à la 16ème place du classement des nations (basé sur les médailles d'or), alors qu'elle pointait en 12ème position à Pékin en 2008. A Londres, c'est la Chine qui occupait la première place.
Dans cette équipe, vous avez votre coup de cœur ?
Oui, Théo Curin, le plus jeune membre de la délégation : 16 ans. Qualifié en natation. Il est comme moi amputé des 4 membres et je l'ai rencontré lorsqu'il avait 6 ans. Au départ, il avait peur de l'eau mais s'est initié à la natation en cachette pour, un jour, me faire la surprise. Il a été gagné par le virus de l'eau et, en à peine trois ans, est devenu un formidable espoir pour la natation française handisport.
Théo a participé à une web-série que vous pilotez depuis deux ans : Vis-mon sport. De quoi s'agit-il ?
Elle permet à de jeunes valides de se glisser dans la peau d'un athlète handisport. L'idée c'est de leur proposer de suivre un entraînement pour comprendre quelle force mentale exceptionnelle les pousse à dépasser leurs limites. 8 athlètes ont joué le jeu en deux saisons et la majorité sera à Rio. Les films sont en ligne sur le site dédié (en lien ci-dessous).
Les Jeux paralympiques, ce ne sont pas seulement des athlètes avec un handicap moteur...
Non, bien sûr, il y a également ceux du sport adapté, c'est à dire avec une déficience intellectuelle. Ils font désormais partie de l'aventure à part entière.
Et pour terminer votre chronique, vous avez décidé de nous faire partager la vidéo réalisée par la Fédération handisport française (en lien ci-dessous)...