Le 5 février 2017, Jean-Luc Mélenchon a fait sensation en se dédoublant grâce à un hologramme, présent virtuellement lors de son meeting d'Aubervilliers. Une expérience qui a fait le tour du monde. L'idée n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd ! Ou plutôt si ! Car pourquoi ne pas utiliser cette technique pour permettre à des interprètes en langue des signes française de se matérialiser sur scène aux côtés des différents candidats durant la campagne présidentielle ? Cette suggestion pleine de bon sens a été faite par la Fnath (Fédération des accidentés de la vie) qui déplore que, même si l'accessibilité des bureaux et techniques de vote a fait des progrès depuis la loi de 2005, un des obstacles premiers reste l'inaccessibilité de la campagne.
Le DDD rappelle à l'ordre
A ce titre, au même moment, le 8 février 2017, le Défenseur des droits interpelle les candidats à l'élection présidentielle dans un courrier. Le DDD, observant en effet une hétérogénéité dans leurs pratiques, appelle chacun d'eux à une attention particulière à l'égard des personnes handicapées en proposant une série de mesures à intégrer dans leur campagne. Elles bénéficieront d'ailleurs à d'autres telles que les personnes âgées en perte d'autonomie ou encore celles touchées par l'illettrisme.
La convention de l'ONU
Et de rappeler que l'article 29 de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, dont le DDD assure le suivi en France, indique que les États "s'engagent à faire en sorte que les personnes handicapées puissent effectivement et pleinement participer à la vie politique et à la vie publique sur la base de l'égalité avec les autres". L'institution mobilise par ailleurs les élus en charge de l'organisation des opérations électorales pour leur rappeler les règles et procédures à respecter afin de garantir l'accessibilité des personnes handicapées aux bureaux et aux techniques de vote.
Une brochure de conseils pratiques
De son côté, la Fnath explique que, pour voter en toute connaissance de cause, les citoyens handicapés ont besoin de pouvoir accéder aux meetings (même ceux avec des hologrammes), aux documents de campagne, aux vidéos sur les sites internet… "Rendre ces informations accessibles, c'est d'abord pour les candidats convaincre des électeurs, plusieurs millions, précise cette fédération dans un communiqué. Mais c'est aussi permettre à tous les citoyens de se faire une opinion claire et étayée". Dans cet objectif, elle va diffuser à l'ensemble des candidats une brochure qu'elle a réalisée sur cette thématique, proposant des conseils pratiques et clairs.
Profession de foi sonore
Fin janvier, Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat en charge du handicap annonçait, à l'occasion du centenaire de la Fédération des aveugles de France, que "le décret relatif à l'élection du Président de la République au suffrage universel a été modifié" ; il précise que la profession de foi des candidats doit être déposée sous la forme d'un texte imprimé et d'un enregistrement sonore mais aussi, et c'est la nouveauté, dans un format "lisible par un logiciel de lecture d'écran". Autrement dit, il doit être accessible aux personnes aveugles et malvoyantes qui souhaitent en prendre connaissance sur le Net. Enfin, le 27 janvier 2017, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a adopté un avis concernant plus particulièrement le droit de vote des personnes sous tutelle visant à garantir la citoyenneté des personnes vivant avec un handicap intellectuel et psychique (article en lien ci-dessous). Pour réaffirmer que voter est un droit, pas un privilège !
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