Une personne sur deux en situation de handicap (49 %) déclare avoir été discriminée dans sa recherche d'emploi au cours des cinq dernières années contre 31 % des personnes non concernées par le handicap. C'est l'une des conclusions du 10e « Baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi ». Réalisé par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail (OIT), il a été rendu public le 23 mars 2017 (échantillon de 5 117 personnes représentatif de la population de France métropolitaine) en présence du DDD, Jacques Toubon.
Emploi : le N° 1 des discriminations
L'emploi est, de loin, le premier vecteur de discrimination dans la société puisqu'il est cité par 23% de la population générale, devant les relations de voisinage (8%), l'école ou l'université (8%), les relations avec l'administration (7%), les lieux de loisirs (6%), lors des contrôles de police (6%) ou de la recherche d'un logement (5%). L'âge et le sexe sont les deux premiers critères de discrimination liés au travail (15%), suivis de l'origine ou de la couleur de peau (8%), du handicap ou de l'état de santé (6%) et des convictions religieuses (2%).
Et les personnes handicapées ?
Le groupe des personnes en situation de handicap apparaît particulièrement exposé à de multiples formes de discriminations qui se cumulent et renforcent les obstacles qu'elles rencontrent dans leur parcours d'insertion sociale et professionnelle. Le fait d'être en situation de handicap multiplie par trois la probabilité d'être discriminé et constitue un facteur aggravant, indépendamment du sexe, de l'âge ou de l'origine. Tous les groupes sociaux sont donc touchés de la même manière lorsque les personnes présentent un handicap ou une altération durable ou chronique de leur état de santé. Par exemple un homme de 55 ans atteint d'une maladie chronique se voit refuser une promotion en raison de son âge et de ses absences répétées liées à son état de santé.
Femme et handicap : double peine !
Dans cette enquête, comme dans la population active en général, les femmes handicapées sont plus nombreuses que les hommes. Elles déclarent également plus de discriminations dans l'emploi tous critères confondus : 56 % contre 41 % des hommes en situation de handicap. Ce baromètre cite l'exemple d'une femme sourde qui, à poste équivalent, est moins bien rémunérée que ses collègues masculins, qu'ils soient ou non reconnus handicapés. A l'occasion d'une formation, elle ne peut participer à la session car les aménagements nécessaires n'ont pas été prévus.
Une mobilisation tardive du gouvernement
En 2016, le Défenseur des droits a reçu plus de 5 200 réclamations pour discrimination, dont la moitié dans l'emploi. Pourtant, moins d'une personne sur dix a décidé d'engager des démarches pour faire reconnaître ses droits lorsque la discrimination survient à l'embauche, et une sur quatre au cours de sa carrière (Rapport annuel d'activité 2016 du Défenseur des droits). Ces résultats rappellent la nécessité d'une action vigoureuse des pouvoirs publics comme des acteurs de l'emploi dans ce domaine. Or le DDD regrette « la mobilisation tardive du gouvernement en la matière qui n'a pas permis de déployer des politiques publiques à la hauteur des enjeux ».