La France reconfinée, tous les événements annulés en cascade. Mais l'un d'entre eux a échappé au tsunami, c'est le DuoDay, maintenu à la date du 19 novembre 2020, au cœur de la SEEPH (Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées). Rappelons que cet événement national consiste à former un binôme composé d'une personne en situation de handicap et d'un salarié « valide », le temps d'une journée. Objectif ? Faire tomber les préjugés et favoriser l'emploi des personnes handicapées. Certains secteurs confrontés à une pénurie de compétences peuvent se saisir de cet évènement comme un outil de pré-sourcing. « Pas question qu'il y ait une année blanche », explique Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, qui, « en ces temps troublés » se dit « très préoccupée par les chiffres du chômage et la crise économique qui risque d'affecter les personnes en situation de handicap ». « Plus que jamais mobilisée », elle entend « envoyer un signal fort aux employeurs » et leur faire connaître « les mesures qui sont prises actuellement pour ce public ».
Macron et Castex en présentiel
Emmanuel Macron, Jean Castex, les ministres ont promis de donner l'exemple. En présentiel ! Durant ce reconfinement, les directives du gouvernement sont pourtant claires : selon le protocole national sanitaire en entreprise, le temps de télétravail a été « porté à 100% pour les salariés qui peuvent effectuer l'ensemble de leurs tâches à distance ». Et ce n'est pas une « option », insiste Élisabeth Borne, ministre du Travail. Alors certains participants s'étonnent : « On va envoyer des gens dans les entreprises et prendre le risque de multiplier les occasions de rencontre ? ». « Soyons créatifs et adaptons le format au contexte », réplique Sophie Cluzel qui, malgré une période chaotique, n'envisage pas de renoncer. Elle encourage à « foncer massivement sur le DuoDay virtuel ». Des rencontres sur site pourront néanmoins être maintenues dans les secteurs qui sont toujours à pied d'œuvre, « en respectant les consignes sanitaires et en réduisant, s'il le faut, les temps d'échange ». La ministre dit « faire confiance à l'intelligence collective » de l'entreprise. « Malgré une forte priorisation du distanciel, il peut y avoir des exceptions pour les duos en présentiel », ajoute de son côté Marlène Cappelle, déléguée générale de Cheops, tête de réseau des Cap emploi. Les demandeurs d'emploi sont les plus mobilisés avec 59 % des candidats inscrits.
Un duo virtuel
De nombreux salariés étant en télétravail, pour la majorité des binômes, ce sera donc un TéléDuoDay. Mais un duo à distance, ça ressemble à quoi ? Un temps le matin pour présenter l'entreprise, puis des échanges avec le binôme ou l'équipe qui permettra, aussi, à la personne d'évoquer son handicap. Moins de piquant, certes ! Quid de ceux qui ne sont pas forcément équipés en informatique ? « De nombreux candidats sont épaulés par des associations du médico-social qui peuvent mettre ces outils à disposition, rassure la ministre. Et puis la visio peut être faite via un téléphone ». Une solution de repli vraiment optimale ? Elle en profite pour lancer un appel aux nombreux étudiants, souvent « inventifs », qui ne représentent pour le moment que 1% des inscrits et sont invités à se mobiliser via les missions handicap des universités. S'il y a déplacement dans l'entreprise, quelle attestation produire en cas de contrôle par les forces de l'ordre ? Selon Sophie Cluzel, « la convention signée pour chaque stagiaire fait office de document officiel ».
Des offres non pourvues
Un point a été fait avec le comité de pilotage du DuoDay le 2 novembre. 13 062 offres étaient proposées sur la plateforme par 5 657 employeurs (dont 20 % dans le public) tandis que 15 069 personnes handicapées avaient candidaté. Or seuls 4 136 duos étaient constitués. Toutes les demandes n'ont donc pas matché. Pour quelle raison ? « Avec le contexte actuel, des employeurs se sont inscrits mais ne sont pas allés au bout de la démarche en attendant les annonces du Président », poursuit Sophie Cluzel, tandis que d'autres se sont récemment désistés par appréhension. Besoin d'être rassurés ? C'est ce qu'entend faire la cellule dédiée qui assure les relances par téléphone, en rappelant que « handicap ne rime pas forcément avec vulnérabilité au Covid ». Parce qu'elle limite les déplacements, l'option virtuelle sera-t-elle finalement une aubaine ? Il reste encore deux semaines pour constituer les derniers duos (inscriptions sur le site www.duoday.fr ou sur le N° vert 0 800 386 329). En 2019, 13 000 avaient été concrétisés.
Rappelons par ailleurs que, le 10 novembre, aura lieu le Competence day qui a pour objectif de célébrer les compétences des personnes en situation de handicap (article en lien ci-dessous).