L'École de la vie, de la réalisatrice Maite Alberdi, documentaire de 82 minutes tourné au Chili, est une merveille à tous points de vue. Une belle esthétique, des personnages matures et touchants, un humour décapant, une vraie problématique sur l'autonomie des personnes handicapées qui vaut aussi pour la France et une grande colère devant l'impuissance des protagonistes à faire leur propre choix.
Le pitch
Anita, Rita, Ricardo et Andrés forment une bande de copains trisomiques qui partage les bancs de la même école depuis 40 ans. Mais ils aspirent à une autre vie. Ils voudraient juste pouvoir faire comme tout le monde : être autonome, gagner de l'argent, se marier, fonder une famille. Bref, qu'à plus de 50 ans on ne les considère plus comme des enfants. Enfin ! Mais cette "école de la vie" leur permettra-t-elle de réaliser leurs rêves ?
De "vrais" adultes ?
Ce documentaire universel immerge le spectateur dans un monde finalement méconnu, celui des adultes atteints de trisomie. Si l'on entend fréquemment parler des enfants porteurs de ce syndrome génétique, qu'en est-il de ceux devenus "grands" ? Il y a quelques décennies encore, leur espérance de vie ne dépassait pas une trentaine d'années ; aujourd'hui, ils ont presque la même longévité que tout un chacun. Depuis quelques années, les institutions spécialisées doivent donc faire face à des classes entières d'individus qui se retrouvent seuls car leurs parents sont morts. Personne n'avait anticipé ce phénomène : ni l'État, ni l'école, pas même les parents, qui étaient certains de survivre à leur enfant. Dans ce contexte, ont-ils réellement eu la "permission" de devenir adultes ? Rien n'est moins sûr... La version chilienne du film a pour titre : Los niños (les enfants).
De jolis portraits
Andrés et Anita sont amoureux et veulent se marier mais leurs proches s'y opposent -d'autant que la législation chilienne interdit le mariage entre personnes trisomiques-. Ricardo souhaite plus que tout acheter une maison. Il travaille dur, économise, compte et recompte son maigre butin obtenu grâce à un travail à peine rétribué. Il lui faudrait plusieurs vies pour réaliser son rêve. Cette école de la vie les encourage en principe à prendre leurs responsabilités, à régler leurs différends mais lorsque Rita a le courage d'aller vers celui qui ne cesse de l'importuner, elle se fait réprimander par les éducateurs comme une petite fille. Cette institution qui se veut novatrice, et probablement exemplaire, est souvent mise face à ses propres contradictions. Les échanges sont surprenants : drôles, incisifs, lucides. Si brillants qu'on les croirait écrits à l'avance. Pourtant la réalisatrice, qui a suivi cette joyeuse troupe pendant près d'un an, affirme que tous ont été filmés sur le vif.
Où le voir ?
Après une vaste tournée dans plusieurs festivals, couronné par de nombreuses distinctions, L'École de la vie promet une belle sortie nationale dans le réseau art et essais mais également dans quelques salles UGC le 15 novembre 2017. Il sera diffusé en avant-première le mardi 14 novembre à 20h dans le cadre d'une projection organisée par LADAPT au cinéma Le Méliès de Montreuil (inscription ci-dessous). Un film "indispensable" à ne rater sous aucun prétexte !
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