L'emploi des travailleurs handicapés est devenu la préoccupation des entreprises tentant d'atteindre le Saint Graal des 6 %. Et de nombreuses actions permettent d'espérer une telle issue... Mais accéder à l'emploi a-t-il du sens lorsqu'il est impossible de se loger ? Depuis un demi-siècle, la crise du logement (elle commence dès la fin de la guerre !) plonge de nombreux citoyens dans des situations douloureuses. Mais que dire des personnes handicapées qui réclament des domiciles adaptés, presque inexistants, et, de plus, à proximité de leur lieu de travail pour éviter une chaîne de déplacements tout aussi précaire ? Mission presque impossible ? Force est de constater que de nombreux emplois ne sont pas pourvus à cause de l'impossibilité de se loger, surtout en Ile-de-France.
Les jeunes : double galère !
Pour les jeunes travailleurs handicapés, les choses se compliquent à cause de la précarité de leur situation puisque la plupart ne sont embauchés qu'en CDD, intérim ou alternance. Comment, dans ce cas, obtenir gain de cause auprès d'un propriétaire ? C'est le cas du jeune Karamba, qui ne perd pourtant pas espoir : « Je sais qu'à Paris trouver un domicile est difficile, que l'on soit handicapé ou pas. Mais je me veux plus tard dans un appartement avec ma famille et mes enfants. »
ALJT : 400 euros par mois
En attendant qu'un tel miracle se produise, l'ALJT (Association logement jeunes travailleurs) mène une vraie politique handicap. Pour tenter d'abattre ces barrières, elle propose aux jeunes travailleurs, qu'ils soient handicapés ou non, des logements temporaires, modernes, sécurisés, abordables et surtout autonomes dans un cadre collectif. Environ 20 m² pour 400 euros par mois comprenant toutes les charges. Selon ses ressources, l'occupant peut évidemment bénéficier de l'APL (Aide personnalisée au logement). L'association propose 50 résidences en Ile-de-France (dont 13 à Paris), et bientôt une soixantaine. Tous les logements ne sont pas adaptés car ils sont souvent situés dans des immeubles anciens, mais l'association s'efforce de développer une offre suffisante pour les demandeurs handicapés. Elle dispose, en 2012, de 258 logements adaptés pour les personnes à mobilité réduite, la résidence d'Argenteuil ayant, quant à elle, investi dans des dispositifs pour les occupants malentendants. « Evidemment, selon Jean-Jacques Tartinville, son président, cela ne règle pas le problème de l'accès aux services de proximité pour autant ! ».
40 jeunes handicapés en résidence
« Et aussi étonnant que cela puisse paraître, poursuit-il, au début, nous n'avions aucune demande de jeunes handicapés. La connexion entre l'offre et la demande ne se faisait pas, ce qui nous a obligés à nous faire connaître. » C'est ainsi qu'est né un partenariat avec L'ADAPT, en 2006. Depuis 2010, neuf résidences parisiennes réservent une quarantaine de places à des jeunes travailleurs handicapés âgés de 18 à 30 ans, apprentis, étudiants, ou travailleurs en ESAT, sur une période maximum de deux ans. Ils sont cuisinier, bibliothécaire, jardinier, secrétaire administrative, artisan céramiste ou en formation professionnelle...
Un SAVS dans les murs
Pour renforcer cette collaboration, un SAVS (Service d'accompagnement à la vie sociale) de L'ADAPT a élu domicile dans la résidence du XXème arrondissement de Paris (93 rue Alexandre Dumas). Il apporte son expertise dans l'accompagnement spécifique lié au handicap (gestion d'un budget, principes d'hygiène, autonomie dans les transports) et aide ces jeunes à trouver leur place dans toutes les animations collectives, sportives ou culturelles. Ce lien permet également aux professionnels de L'ADAPT de former ceux de l'ALJT et de pérenniser ainsi la mixité, et surtout l'insertion par le travail, un socle de valeurs communes aux deux associations. Le site internet permet de déposer un dossier et d'entrer en contact (malheureusement seulement par écrit) avec les équipes ALJT, ou bien celles de L'ADAPT par le biais de son SAVS.
Préparer la sortie
Ces jeunes travailleurs sont accueillis dans les résidences de l'ALJT en moyenne pendant deux ans, mais pas question pour autant de les mettre à la rue une fois le sablier écoulé. L'association s'engage à préparer leur sortie, en lien avec les mairies des communes où sont implantées ses résidences ou encore avec les collecteurs du 1 % patronal qui peuvent également proposer des solutions. Il en aussi va de la responsabilité des bailleurs sociaux qui, plus globalement, doivent s'engager à développer des offres fortes, en partenariat avec les associations de personnes handicapées. Comme le prétend le proverbe, « Chacun chez soi et les « clashs » seront bien gardés... » !
Site de l'ALJT : www.aljt.com
Site de L'ADAPT : www.ladapt.net
Tél. SAVS L'ADAPT à Paris (20ème) : 01 42 52 15 39
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