Par Nicolas Bove
Après moins de 24 heures à l'Evêché, au siège de la police judiciaire marseillaise, cette femme de 39 ans a "rapidement reconnu les faits", a expliqué la procureure de la République de Marseille Dominique Laurens, dans un communiqué détaillé. "Dans un premier temps", la mère aurait d'abord "frappé son fils dans l'appartement" familial, vendredi, le jour où elle avait signalé sa "disparition". Puis elle l'aurait "emmené dans le 'ravin'" (NDLR : au bord de l'Huveaune) où le corps sans vie allait être retrouvé samedi par le père et l'oncle de l'enfant.
Découvert près d'une rivière
C'est "sur place" qu'elle l'aurait alors tué, "à l'aide d'un couteau pris dans la cuisine", précise la magistrate, soulignant que l'enfant était "décédé dans l'après-midi vendredi, avant même le signalement de sa disparition". Les explications de la mère, qui a déclaré être "revenue peu de temps après (au bord de l'Huveaune) pour se débarrasser d'affaires", recoupent les "éléments recueillis (...) tant à son domicile que le long des berges" du fleuve, ainsi que les images des caméras de vidéo-surveillance, a insisté Mme Laurens. Avant de découvrir le corps de l'enfant, samedi à la mi-journée, en bas d'une pente raide donnant sur l'eau, dans des herbes hautes et des broussailles, son père et son oncle avaient d'abord retrouvé sa veste, à 08H30 le matin, à une centaine de mètres de distance, également au bord de l'Huveaune, dans le quartier populaire de la Capelette.
Situation ingérable ?
La garde à vue de la mère, dès samedi soir, avait été motivée par les premiers constats de la police technique et scientifique dans l'appartement, qui laissaient apparemment peu de doute sur la thèse de l'infanticide. Auprès des enquêteurs, la mère a évoqué "les crises" dont souffrait son fils de 11 ans, autiste, expliquant qu'"elle n'arrivait plus à gérer la situation" ; "Ce jour-là", vendredi, elle a "estimé que cela ne finirait jamais", détaille la magistrate dans son communiqué. Samedi, sur les lieux du drame, après la découverte du corps, la tante et l'oncle de l'enfant et des voisins avaient expliqué à l'AFP leurs recherches toute la nuit de vendredi, jusqu'à 3 heures du matin, puis encore toute la matinée de samedi jusqu'au dénouement tragique.
Une femme qui « aimait la vie »
Selon eux, la mère leur avait expliqué vendredi que son fils lui avait échappé vers 16H00, à l'issue d'une promenade. Disparition qui avait été signalée au commissariat de police le plus proche, le jour même, dès 17H00. "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit ma soeur", a réagi auprès de l'AFP la tante de l'enfant, reconnaissant "cogiter" et "faire les cent pas" depuis la veille. "Elle était très protectrice de cet enfant, elle s'est battue" pour lui, a-t-elle assuré à propos de sa soeur, rappelant "sa jeunesse de bonne vivante, une jeune femme rigolote, qui aimait la vie". "Toute la famille a perdu deux êtres qui nous étaient très chers", a-t-elle insisté, oscillant entre incompréhension et volonté de comprendre ce geste.
Dès samedi, la quadragénaire avait expliqué que sa soeur, séparée de son mari, s'occupait "à plein temps" de son fils, son seul enfant, et n'exerçait pas de profession : "J'avais essayé de l'aider pour qu'elle se fasse accompagner par des institutions spécialisées mais cela avait échoué". La garde à vue de la mère a été prolongée et celle-ci sera présentée le 31 octobre à un juge d'instruction, en vue "d'une ouverture d'information judiciaire du chef de meurtre sur mineur de 15 ans", a indiqué la procureure.