Édouard Detrez, 26 ans, est directeur de l'entreprise Le fauteuil roulant français, située à Lectoure. C'est depuis cette ville du Gers que le jeune entrepreneur en situation de handicap s'est élancé le 4 janvier 2018, avec, comme destination, le palais de l'Elysée, à Paris. Déterminé, il souhaite redorer l'image de son entreprise et mettre en valeur la fabrication française. Sa société a en effet récemment rencontré quelques difficultés financières. Afin de trouver de nouveaux investisseurs, valoriser la marque locale et, ainsi, sauver son entreprise de la faillite, Edouard est prêt à tout, et même à parcourir 710 kilomètres en fauteuil roulant manuel à la seule force des bras.
La traversée de l'espoir
Édouard va traverser 9 départements, 18 villes et fera 17 étapes. Il compte ainsi aller à la rencontre des Français, échanger avec eux, sensibiliser la population au handicap et mettre en avant son entreprise. Son périple doit durer 21 jours, du 4 au 24 janvier 2018, et ne sera pas sans embuches. Durant sa traversée, il sera suivi par des membres de sa famille, présents pour des raisons de sécurité notamment sur les routes départementales et nationales qui peuvent s'avérer dangereuses. Le jeune homme s'est entraîné comme un sportif de haut niveau ; il a bénéficié de soins tels que des massages et s'impose une alimentation saine et équilibrée. Son exploit est physique mais aussi mental ; Édouard s'est préparé pour ne pas craquer et toujours garder en vue ses objectifs. Il promet d'être très actif sur les réseaux sociaux afin de partager son aventure, mettre en avant les richesses des territoires français et surtout sensibiliser et aller à la rencontre du plus grand nombre.
L'innovation made in France
Lorsqu'il avait 23 ans, Édouard Detrez ne trouvait pas un fauteuil qui lui était adapté, en termes de design et de confort. C'est d'ailleurs à cette époque qu'il remarque qu'aucun fauteuil n'est de marque française ; il décide alors de concevoir son propre modèle manuel qui fait désormais fureur auprès des personnes à mobilité réduite. C'est avec le soutien de sa famille qu'il crée son entreprise. « Le fauteuil roulant est reconnu comme un matériel médical, certes, mais ce n'est pas une raison pour qu'il soit dénué de style. Mon fauteuil doit refléter ma personnalité. », s'exclame Édouard. Sa start-up travaille avec 9 partenaires mais ne parvient pas à produire autant qu'elle le souhaiterait : elle doit maintenant répondre à la demande en faisant face à des difficultés financières. Ce défi est donc un véritable cri du cœur qui relève d'une volonté de faire connaître sa société, de convaincre des investisseurs et de permettre aux personnes à mobilité réduite de pouvoir, enfin, acheter français.
La volonté de se faire entendre
Son voyage a été minutieusement organisé pour que son arrivée à Paris se fasse le 24 janvier, jour de conseil des ministres à l'Elysée. Il espère, par le biais de cette action médiatique, interpeller le gouvernement sur la question du handicap, notamment en termes d'accessibilité, d'aides et de valorisation du matériel français à l'occasion des Jeux paralympiques. Édouard souhaite défendre, auprès du chef de l'État, « le choix d'acheter français » en matière de fauteuil roulant mais aussi échanger avec lui sur les grands axes de sa politique handicap. Avec près de 12 millions de personnes concernées en France, c'est un sujet qui, selon lui, mérite d'être davantage pris en considération.