Film "En fanfare" : histoire de résilience et de fraternité

Dans "En fanfare", un chef d'orchestre malade accepte de diriger la fanfare dans laquelle son frère joue, en échange d'un don de moelle osseuse. Un film délicat, qui met notamment un lumière un acteur avec un handicap mental, en salles le 27 novembre

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Thibault apprend à son frère Jimmy à diriger un orchestre.

Par François Becker

Thibault est un chef d'orchestre réputé. Toujours entre deux concerts à l'autre bout du monde, sa vie est mise sur pause lorsqu'on lui découvre une maladie grave. Seule chance d'en réchapper : trouver un donneur compatible de moelle osseuse. Sous le ciel du Nord mais très loin de Bienvenue chez les Ch'tis, Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin donnent vie à une histoire délicate et enthousiasmante de résilience et de fraternité dans En fanfare, en salles le 27 novembre 2024 (bande-annonce en vidéo ci-contre).

Rencontre de deux destins que tout sépare

Thibault (Benjamin Lavernhe) semble condamné. Jusqu'à ce qu'il découvre, par chance, que ses parents l'ont adopté bébé. Et qu'il a un frère biologique, Jimmy (Pierre Lottin), qui vit chez sa mère, peine à boucler les fins de mois et passe son temps libre dans une fanfare. Deux destins que tout sépare, façon La vie est un long fleuve tranquille. Grognon au grand cœur, Jimmy accepte de sauver Thibault, qui ne sait pas comment le remercier. Ça tombe bien : la fanfare, fierté d'une bourgade minière frappée par la misère et la désindustrialisation, cherche désespérément un chef d'orchestre pour se relancer.

Un acteur porteur de handicap mental

Le film, hymne à la solidarité au-delà des classes sociales, emprunte à l'esprit de The Full Monty, en plus délicat. Il est tourné à Lallaing, près de Douai (Nord). Avec une vraie fanfare, de nombreux acteurs musiciens, dont Jacques Bonnaffé, et des débutants ou non-professionnels. Fait notable, l'œuvre accorde une belle place à un acteur porteur de handicap mental, Antonin Lartaud, membre à part entière de la fanfare. Leur rencontre a marqué Benjamin Lavernhe. "Je me suis vraiment retrouvé devant la fanfare de Lallaing, avec une baguette, à devoir les diriger sur l'Aïda de Verdi ! J'étais sincèrement touché, décontenancé", raconte l'acteur à l'AFP.

Pas de place pour les stéréotypes

"Il y a tout de suite du plaisir, une joie de la fanfare, c'est un mélange de générations ! (...) De voir sur les murs les photos d'il y a 150 ans, des anciennes générations qui travaillaient dans les mines et les industries textiles, et qui créent un lien social, une espèce d'exécutoire collectif, on a l'impression d'arriver dans une Histoire, celle de cette région", se remémore-t-il. Si le film évite adroitement les stéréotypes, il n'en rend pas moins hommage au milieu ouvrier et aux liens humains dans le bassin minier. "Il y a quelque chose d'éminemment chaleureux. C'est un cliché du Nord mais on le vérifie", assure Benjamin Lavernhe. "Le contact est simple et direct", abonde le réalisateur, Emmanuel Courcol, qui souhaitait surtout "ne pas trahir" les membres de la vraie fanfare.

Entre méfiance du cinéma et peur de la caricature

"Quand j'ai parlé du projet, ils étaient un peu surpris parce qu'ils ont une petite méfiance du cinéma, c'est-à-dire de la représentation de la région", associée pour des millions de spectateurs à l'humour de Dany Boon et Bienvenue chez les Ch'tis, tourné à moins de 100 kilomètres. "C'est quand même une région qui souffre d'un manque de considération et donc ils avaient peur de la caricature", ajoute-t-il. Le long métrage entend parler "à tout le monde", au-delà des clivages politiques d'une France fracturée, poursuit le cinéaste. "Parce que c'est un film qui parle de fraternité et de bienveillance. On est là ensemble."

Un entre-deux qui "parle à tout le monde"

Réalisateur en 2020 d'Un triomphe, ancien acteur et scénariste (Welcome, Au nom de la terre), Emmanuel Courcol a monté les marches de Cannes pour son film, sélectionné dans la section Cannes Première. Une consécration pour celui qui ambitionne de faire vivre "un cinéma d'auteur populaire". "On est toujours à cheval entre deux trucs. Et, en France, on n'aime pas ça. Il y a d'un côté le cinéma d'auteur, où on souffre (en tant que spectateur, ndlr). Et le cinéma populaire, où on est plus dans des grosses ficelles. Je suis un peu sur la ligne de crête, entre les deux. Mais, quand c'est réussi, ça parle à tout le monde."

© Capture d'écran de la bande-annonce

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