« La vie de Lucie et de son père, c'est comme une promenade sur un lac gelé, la glace est tellement solide qu'on peut rouler dessus en camion. Mais, à tout moment, elle peut aussi craquer ». C'est ainsi qu'est présenté Normale, le nouveau film d'Olivier Babinet, en salles depuis le 5 avril 2023 (vidéo ci-contre). A 15 ans, Lucie (Justine Lacroix) a déjà l'étoffe d'une grande. Habitante de Chelles, en Seine-et-Marne, elle vit seule avec son père, William (Benoît Poelvoorde), veuf et atteint de sclérose en plaques. Médicaments, factures, vaisselle, ménage… A la maison, les rôles sont inversés, et c'est Lucie, proche-aidante, qui endosse le costume de cheffe de famille. Alors, pour échapper à la réalité de ce quotidien peu banal, l'adolescente s'évade dans un monde onirique, celui qu'elle raconte dans un roman autobiographique.
Handicap et réalisme social
Mais, lorsqu'une assistante sociale vient se présenter, la réalité la rattrape. La crainte ? Que la jeune fille soit placée en foyer. « Je ne suis même pas en fauteuil roulant donc j'arrive très bien à m'occuper de toi », la rassure William, ado attardé qui élève sa fille à grand renfort de pizzas et de films d'épouvante. Très loin certes du tableau de « l'éducation parfaite » mais qui comble pourtant ce clan familial très soudé. « Papa, t'as les mains qui tremblent et t'arrives pas à faire tes lacets. Faut qu'on ait l'air plus normaux », lui répond Lucie. Le duo se sent investi d'une mission, passer pour une famille « normale ». S'engage alors une aventure aux confins du réel et du fantastique, « un hiatus entre le quotidien terne de Lucie et les fictions extraordinaires qu'elle se fabrique », explique le réalisateur Olivier Babinet. Un film d'une heure trente sur le handicap et le réalisme social qui l'entoure, avec l'imaginaire comme porte de sortie.