Cette session de formation, présentée comme une première en France, est organisée par l'Association pour la promotion de l'accompagnement sexuel (Appas) du 12 au 15 mars à Erstein (Bas-Rhin) au sud de Strasbourg, a indiqué à l'AFP son président, Marcel Nuss, confirmant des informations des Dernières Nouvelles d'Alsace. Durant quatre jours, les futurs professionnels, dont l'activité n'est pas officiellement reconnue en France et peut même être assimilée à de la prostitution, doivent acquérir les gestes et les connaissances théoriques, juridiques et éthiques, nécessaires au travail avec l'intimité des personnes handicapées physiques ou mentales.
Risque de proxénétisme
Onze participants - 8 hommes et 3 femmes - admis à l'issue d'une sélection poussée doivent prendre part à ce stage qui sera assuré par un sexologue-psychologue, un juriste, une spécialiste en massage et une ancienne accompagnante sexuelle. Selon l'Appas, qui continue de réclamer un vrai statut pour les aidants sexuels, la question continue de diviser la classe politique française et la société civile. Du point de vue légal en France, les aidants sexuels se faisant rémunérer pour ce type de prestation relèvent de la prostitution, et les intermédiaires du proxénétisme. A l'étranger, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie et en Espagne, la profession est reconnue ou bénéficie d'un cadre juridique favorable, rappelle l'Appas.
Pas une loi mais une jurisprudence
En France, l'accompagnement sexuel existe également « mais avec le problème que cela se fait sous le manteau », souligne Marcel Nuss, lui-même lourdement handicapé. « Il n'est pas question qu'on demande une loi. Tout ce qu'on souhaite aujourd'hui c'est une jurisprudence. On veut un vrai débat sur la place publique. Il faut qu'on en parle », a expliqué M. Nuss, qui dit assumer le risque que ce stage de formation expose son association à des poursuites judiciaires. « Si on passe devant un juge, le débat sera vraiment public, mais je ne vais pas quand même être condamné pour délit d'humanité », a-t-il commenté. Évoquant une « hypocrisie franco-française sur l'accompagnement sexuel », Marcel Nuss appelle à « respecter » les aidants sexuels, « des personnes adultes qui par choix de vie ont décidé de faire de l'accompagnement sexuel pour des personnes à la marge ».
Avis négatif du Comité d'éthique
Dans un avis rendu public en mars 2013, le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) a émis un avis défavorable sur ce sujet, relevant des risques importants de dérives. Le comité a toutefois préconisé une formation des personnels soignants et éducatifs à la sexualité des patients.