Le « care », vous connaissez ? Du mot anglais qui signifie « prendre soin ».
Prendre soin d'autrui. Le concept et les théories du care sont apparus aux USA au début des années 1980, initiés par les travaux de la psychologue Carol Gilligan, et ont donné lieu à de nombreux débats, recherches et publications dans les domaines de la psychologie, de l'éthique, de la sociologie, des sciences du travail, des sciences politiques et de l'économie. Ils parviennent, en France, au début des années 2000 dans le milieu universitaire, puis en 2010 dans l'espace public lorsque Martine Aubry fait référence à ce concept dans le cadre de son projet de « société du soin mutuel ».
Des critiques récurrentes
Cette émergence dans le débat public a entraîné de vives critiques semblables à celles souvent adressées aux théories du care. On prétend qu'elle n'est qu'une préoccupation purement intellectuelle et féminine, faisant l'apologie des vulnérabilités et de la dépendance au détriment de la performance et de l'autonomie, concernant le domaine privé et intime et non le domaine public et politique, risquant de nous détourner de concepts plus utiles pour l'action sociale et politique, comme la solidarité, la justice ou l'égalité. Le care peut se décrire comme une réponse aux nombreux besoins des personnes vulnérables, réalisé par des proches et des professionnels, avant tout des femmes.
Un « travail » en 4 phases
Sa complexité a été décrite par la philosophe politique Joan Tronto en 1993, qui isole quatre phases :
• La première consiste à reconnaître qu'un besoin est là, ce qui mobilise l'attention (« to care about ») et la sollicitude, l'empathie (« to care for ») vis-à-vis de la personne vulnérable.
• La deuxième consiste à décider de répondre au besoin décelé et à organiser la réponse (« to care of »), ce qui mobilise le sens de la responsabilité vis-à-vis de la personne vulnérable.
• La troisième consiste à prendre soin (« to give care ») de la personne vulnérable par un travail concret auprès d'elle.
• La quatrième permet de vérifier auprès de la personne vulnérable que son besoin a été bien identifié et que la réponse a bien été organisée puis réalisée (« to receive care »), ce qui mobilise à nouveau attention, empathie et sollicitude.
C'est bien la subtile complexité de ce travail qui explique les difficultés à traduire le mot « care ». Toutes ces dimensions doivent être présentes pour que l'accompagnement soit de qualité.
Réponse à la vulnérabilité
La problématique du care continue de susciter à la fois des perplexités, des interrogations, des réticences mais aussi des certitudes, des réponses et des adhésions, dans le monde des chercheurs en sciences humaines et sociales comme dans celui des professionnels du soin, sans compter celui des « soignants » non professionnels que sont les aidants familiaux. A la fois attitude attentionnée et travail de prendre soin, c'est un concept plus large que la seule humanisation des soins. Cette notion rassemble toutes les modalités de réponses que notre société peut apporter aux situations de vulnérabilité, liées en particulier à l'âge, à la maladie, au handicap ou aux difficultés sociales.
Un nouveau site internet dédié
Face à cette réalité, le groupe Humanis lance un nouveau site internet, Agirpourlecare.com, à destination des professionnels et du grand public, afin de promouvoir le care comme nouvel enjeu de société et d'apporter des réponses pédagogiques et pratiques. Conçu comme un véritable espace d'information et d'échange, il propose des actualités concrètes, un forum de discussions, une médiathèque qui s'enrichira progressivement d'articles et d'illustrations sonores ou vidéos. Pour Laurent Huyghe, directeur action sociale du groupe Humanis, « il est nécessaire de faire avancer le débat de société sur la place, le financement, l'organisation et la qualité du care à domicile et dans les institutions ».