PARIS,
L'Adapt, association créatrice de cette semaine, qui souhaite faire évoluer les regards sur le handicap et favoriser les rencontres avec les employeurs, avait organisé à Paris une matinée d'entretiens chronométrées entre entreprises et jeunes diplômés.
Morad Mousalli, 32 ans, atteint d'un handicap moteur, participait pour la première fois à un job dating. "Le temps limité nous force à synthétiser et aller à l'essentiel", souligne-t-il. "Ca permet de faire un +dégel+, après s'il y a un entretien, on se sera déjà vus une fois, ça permettra d'être dans de bonnes conditions".
Depuis septembre, il cherche "un poste de conseiller commercial ou conseiller clientèle dans la banque, l'assurance ou la mutuelle", explique-t-il. "J'étais conseiller financier pour un courtier en assurance, j'ai eu une expérience de 3 ans, j'ai décidé de partir pour intégrer une plus grande entreprise et pouvoir prétendre à un poste à responsabilités".
Parmi les recruteurs qui passaient de table en table, figuraient notamment Dassault Systèmes, AG2R La Mondiale, Atos ou la Croix Rouge.
Jérôme Barbarin, du spécialiste de l'intérim Randstad, était à la recherche de compétences et motivations. "Ils sont très touchés par la crise, on va essayer de les aider peut-être un peu plus que d'autres personnes, mais on va d'abord s'intéresser aux compétences et aux motivations des gens", dit-il.
Sensibiliser les équipes en amont
Deux millions de personnes de 15 à 64 ans ont une reconnaissance administrative de leur handicap en France métropolitaine, selon une récente étude du ministère du Travail (chiffres de 2011). Seulement 700.000 travaillent.
Plus âgées que la moyenne et moins diplômées, car elles sont souvent orientées dès le collège vers des filières professionnelles, leur taux de chômage est de 21%, plus du double de celui de la population totale.
"19% seulement ont le bac ou un diplôme de l'enseignement supérieur", a rappelé devant la presse Christian Grapin, de l'association Tremplin, qui accompagne les jeunes handicapés dans leur parcours de formation.
Pour les entreprises telles que l'assureur Generali, qui recrute plutôt du personnel très qualifié, "l'alternance est aujourd'hui un levier très concret" pour améliorer les qualifications des personnes handicapées, a témoigné Christophe Collin, directeur du management.
Thibaut de Martimprey, non-voyant depuis sa naissance, a pour sa part réussi son intégration professionnelle. A 25 ans, ce diplômé d'une école supérieure de commerce est conseiller junior en management chez Accenture, où il a été recruté à l'issue d'un stage de fin d'études.
"L'entreprise avait sensibilisé l'équipe en amont de mon intégration, pour expliquer mon handicap, dire ce que je pouvais faire ou ne pas faire avec mon ordinateur en braille", a-t-il expliqué.
Dans un entretien au Figaro, la ministre déléguée aux personnes handicapées Marie-Arlette Carlotti a réaffirmé que "la formation des personnes handicapées est un enjeu majeur". Le futur projet de loi de réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage comportera un volet handicap, a-t-elle rappelé.
"Alors que le taux d'emploi dans le privé n'est même pas à la moitié de ce qu'il devrait être, la responsabilité des entreprises est évidemment engagée", a-t-elle dit, en référence à l'obligation pour les entreprises de plus de 20 salariés d'employer 6% de personnes handicapées, sous peine de pénalités financières.