Il y a certainement des siècles que la Vénus de Milo vit sans bras et qu'elle n'en est pas moins désirable. Mais tous les amputés n'ont pas le « privilège » de rester de marbre et d'être adulés par le monde entier. Il y a urgence à réparer les hommes de chair et leur permettre de vivre debout ! #bodycantwait (le corps ne peut pas attendre) scande donc Handicap International qui lance une action insolite. Elle a en effet décidé de redonner vie aux statues parisiennes brisées. Une jambe arrachée, un bras amputé, des corps brisés que le temps n'a pas réparés. « Et si notre patrimoine en disait long sur une réalité qui touche aujourd'hui près de 100 000 millions de personnes dans le monde ? », questionne l'association.
Des statues réparées
Le 6 mars 2018, plusieurs statues parisiennes amputées seront ainsi équipées d'une prothèse. « Elles ont attendu des siècles pour être appareillées, aucun corps dans le monde ne devrait attendre si longtemps avant d'être réparé » ; à travers ce message, l'ONG tente de mobiliser les Français sur l'urgence d'agir pour développer l'accès aux prothèses dans le monde. « Aujourd'hui, nous voulons donner à voir cette réalité de manière décalée et dire chacun que des solutions existent ! », explique Xavier du Crest, directeur de Handicap International France. Présente dans près de 60 pays, Handicap International a développé une véritable expertise en matière d'appareillage dans des contextes difficiles.
Le projet Prothèse 3D
Dans de nombreux pays à faibles revenus, seules 5% à 15% des personnes nécessitant un appareillage orthopédique, principalement des prothèses de membres inférieurs et des orthèses, peuvent y accéder. « Lorsqu'on est amputé d'un membre, la réalisation d'une prothèse sur mesure est coûteuse et peut prendre du temps. Dans les pays du sud, l'accès parfois difficile aux soins allié à des contextes de guerre ou d'isolement complique davantage l'appareillage », poursuit Xavier du Crest. Pour répondre à ce constat alarmant, l'ONG a initié, en 2015, le projet Prothèse 3D (article et lien ci-dessous), au Togo, à Madagascar, en Syrie, et désormais en Inde. « À l'aide d'un scanner pas plus gros qu'une tablette, nous avons pu aller dans les territoires les plus difficiles d'accès. Il permet de mesurer les empreintes du moignon qui sont directement envoyées à l'imprimante 3D. Le patient reçoit ensuite sa prothèse sans avoir à se déplacer dans un centre d'appareillage le plus souvent éloigné, voire inexistant. »
Rendez-vous au Louvre
Ce système pourrait, à terme, permettre l'accès à l'appareillage dans les zones les plus reculées, faire baisser les coûts des matériaux et garantir la fiabilité d'une prothèse de membre inférieur. Pour développer ce programme, l'ONG fait appel à la générosité via cette action insolente. Rendez-vous le 6 mars de 6h30 à 9h au métro Louvre (Paris 2e) où la réplique de la Vénus de Milo retrouvera ses bras l'espace de quelques heures puis au parc Monceau (17e, de 14 à 16h).