En décembre 2017, l'Onu a proclamé que le 23 septembre serait désormais la « Journée internationale des langues des signes ». Elle sera célébrée chaque année à compter de 2018 afin de mieux sensibiliser à l'importance des langues des signes pour la pleine réalisation des droits fondamentaux des personnes sourdes. Il n'existe pas de langue universelle ; chaque pays, voire chaque région, parle la sienne. Environ 100 000 personnes pratiquent la « langue des signes française » en France (chiffres 2014). La LSF a au moins un dialecte connu, la « langue des signes de Marseille », qui compte environ un millier de locuteurs.
3 siècles d'histoire
Le tricentenaire de la naissance du créateur de la langue des signes, l'Abbé de l'Epée (1712-1789), fut fêté en 2012. Le chemin vers l'acceptation fut long, nourri par des siècles d'aveuglement, dans une France longtemps rétive à la diversité. La situation a heureusement commencé à changer il y a une trentaine d'années, mais comment passer sous silence les errements du passé ? La République a lourdement failli vis-à-vis des sourds puisqu'en 1880 elle fixe comme objectif l'accès à la parole vocale et bannit la langue des signes des établissements spécialisés. Il faudra attendre 2005 pour que la loi handicap la reconnaisse comme « langue à part entière » dans le code de l'éducation.
Option au bac
Le 17 septembre 2018, Sophie Cluzel, secrétaire d'État au Handicap, s'est rendue à l'Institut national des jeunes sourds (INJS) de Metz. Cette visite ouvrait la Semaine internationale des langues des signes organisée par l'établissement messin qui accompagne près de 200 enfants atteints d'une déficience auditive et de troubles spécifiques du langage (TSL). Il a, à cet effet, conclu de nombreuses conventions avec des établissements scolaires du territoire afin de développer l'apprentissage de la LSF. Rappelons qu'elle fait désormais partie des « langues vivantes » qui peuvent être choisies en option au bac.
Une docu sur France 5
Pour autant, « qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans l'enseignement dispensé aux jeunes sourds ? », questionne l'émission L'œil et la main dans son documentaire « Enseignement bilingue, un combat sans relâche ». Alors que l'arsenal législatif est clairement favorable aux parcours bilingues, les parents doivent toujours se battre pour imposer le choix d'un enseignement en LSF pour leurs enfants... De la Normandie à l'Île-de-France, la parole est donnée aux familles pour comprendre leurs doutes et leurs attentes. Les échanges restent tendus avec l'Éducation nationale car de nombreux blocages demeurent. Plus que jamais la mobilisation s'avère nécessaire pour faire reconnaître cet accès légitime à l'enseignement bilingue. Ce documentaire de Véronique Bethonneau sera diffusé le lundi 15 octobre 2018 à 10h15 sur France 5.
Des asso pour apprendre
Dans ce contexte, l'association Mieux Vivre a vu le jour en 1988 avec l'objectif de contribuer par tous les moyens à la promotion active de la langue des signes. Elle ouvre, en 1994, son organisme de formation, l'École française de langue des signes, et par ce biais, contribue à la transmission de la LSF aux particuliers et aux professionnels. Elle propose par ailleurs des séances uniques de sensibilisation, programmées une fois par mois dans ses locaux parisiens (Paris 14) et ouvertes à tous ! D'autres initiatives ont vu le jour, comme l'Académie de la LSF, qui veulent faire « entendre » que les langues des signes sont des langues à part entière, un des piliers de « l'identité » sourde..