Près de 150 000 Français (chiffre 2011) ont subi une arthroplastie de hanche, une opération visant à remplacer le cartilage dégradé. Ce procédé s'appelle « prothèse totale de hanche » (PTH). Encouragée et fortement recommandée par les chirurgiens en pré et post-opératoire, la reprise d'une activité physique constitue une des attentes des patients.
Une activité physique après l'opération ?
Au-delà des bénéfices d'une pratique régulière, ce sont les impacts positifs ostéo-articulaires et musculaires qui incitent à reprendre une activité physique ; elle permet une réadaptation dans les déplacements et les actes quotidiens, restaure la mobilité et la force musculaires, diminue la douleur et réduit certaines raideurs. Enfin, selon la technique chirurgicale employée, elle permet de récupérer les capacités proprioceptives, affaiblies après l'opération. Pour reprendre une pratique sportive en sécurité, il est conseillé d'en parler à son chirurgien, qui pourra alors proposer une activité adaptée et orienter son patient vers le bon professionnel.
Des pros de l'APA !
L'Activité physique adaptée, ou APA, c'est quoi ? Elle a pour objectif d'aménager les consignes, les règles et l'environnement d'une pratique sportive ordinaire de manière à répondre à un ou plusieurs objectifs définis avec et pour l'usager. Issu d'une formation dans un UFR STAPS (3 ans pour la Licence APA et 5 ans pour le Master), l'Enseignant en activité physique adaptée (EAPA) peut individualiser l'accompagnement parce qu'il connaît les bienfaits et les contre-indications de chacune d'elle. L'objectif de ce spécialiste ? Permettre au pratiquant de retrouver toute son autonomie.
Continuer de se déhancher en toute sécurité !
Souvent, les capacités de reprise sont liées à l'activité physique préopératoire. Dans certains cas, une rééducation à base de renforcement musculaire ciblé permet de maintenir une bonne tonicité des muscles entourant l'articulation et contribue à une reprise optimale. Celle-ci est conseillée entre le 3e et le 6e mois post-opératoire. Trop anticipée ou mal préparée, elle peut conduire à des tendinopathies et/ou une usure accélérée de la prothèse. Continuer de se déhancher en toute sécurité !
Les modalités de l'activité physique (fréquence, nature, durée et intensité) sont renseignées par le chirurgien, qui connait les caractéristiques techniques de la prothèse, mais dépendent aussi des capacités physiques et sportives antérieures de l'usager.
Quelles activités ?
Quelques activités sont recommandées sans restriction comme la marche, randonnée, danse, jardinage, vélo sur route plate, bowling, croquet, natation et golf. Certaines supposent une pratique antérieure, et peuvent être envisagées seulement avec un accompagnement personnalisé : escalade, gymnastique, musculation, arts martiaux, aviron et voile (sauf solitaire). Dans certains cas, la course à pied. D'autres, a priori contre-indiquées, requièrent l'adaptation de l'environnement par un EAPA : football, handball, volley-ball, basketball. Plus sollicitants, le tennis ou le ski exigent un bon niveau de pratique avant l'arthroplastie, à cause des contraintes mécaniques et articulaires qui peuvent être importantes. L'enseignant en APA sera alors amené à accompagner le pratiquant et à personnaliser, avec lui, un programme tenant compte de ses capacités, ses envies et ses objectifs, en toute sécurité. L'EAPA prend soin d'adapter les mouvements sportifs, tels que la flexion, l'adduction et les rotations de la hanche, aux amplitudes limitées qu'entraîne une PTH.
Exemples : natation et basket !
Par exemple, la natation adaptée conduit à privilégier le crawl plutôt que la brasse. Autre exemple, un usager ayant fait du basket 5 ans auparavant souhaiterait retourner dans un club ; la compétition post-opératoire est délicate et non conseillée car elle accélère l'usure de la prothèse, cependant une pratique adaptée et encadrée par un EAPA peut lui permettre de retrouver des sensations de manière progressive, avec l'objectif de poursuivre une pratique assouplie en collectif. Il pourra, notamment, mettre en place un programme avec des exercices de renforcement musculaire dérivés des mouvements du basket. Leur complexité ira ensuite crescendo, en prenant soin de limiter les impacts au sol, les contacts ainsi que les mouvements de rotation de hanche (induisant de fortes contraintes mécaniques sur la PTH). Le patient sera ainsi pleinement acteur de sa « ré-adaptation ».
Auteures : Margot Aigon, Delphine Boutin, Justine Foures et Zineb Manani, étudiantes en Master 2 « Réhabilitation par l'Activité physique adaptée » à l'UFR STAPS de Montpellier.