Sur la vidéo filmée par un passant, on voit trois policiers s'éloigner d'un homme assis par terre, ses affaires personnelles éparpillées autour de lui et ses prothèses de jambes posées en vrac sur le sol. Il est amputé des deux jambes et d'un bras. Et se plaint d'avoir été victime d'un contrôle d'identité un peu musclé. Cela se passe le 2 mai 2016 sur un quai de la gare de Lyon, à Paris. En quelques jours, ces images ont fait le tour du web. Vues près de deux millions de fois mais qui, au-delà de l'émoi et du tsunami anti-police qui s'en est suivi, dénonçant "honte" et "abus de pouvoir", méritent d'être analysées car elles ne montrent en réalité que la fin de la scène. Or l'homme confirme avoir tout enlevé lui-même.
« J'ai alors tout enlevé »
Il s'appelle François Bayga. Retrouvé par France24, il explique qu'il cherchait à rejoindre la gare du Nord lorsque les policiers ont procédé à un contrôle d'identité. "Mais je n'ai pas tous mes papiers", dont la demande "est encore en attente à la préfecture", a expliqué le jeune homme, précisant avoir donné aux policiers sa carte d'AME (aide médicale d'État) et celle de son club de rugby en fauteuil roulant. "Ils m'ont demandé où j'avais eu mon téléphone, m'accusant de l'avoir volé. J'ai commencé à m'énerver", ajoute M. Bayga, qui poursuit : "J'ai été plaqué contre le mur et tandis que je me débattais, l'un des policiers me tirait la jambe (...) Je leur ai dit plusieurs fois 'Ce sont des prothèses'. Ils ont insisté pour me fouiller. J'ai alors tout enlevé et je me suis assis par terre pour leur montrer qu'ils avaient eu ce qu'ils voulaient.". Les trois agents l'ont alors laissé sur place, sous les récriminations des témoins. « Je me suis senti complètement humilié », a-t-il ajouté.
Le Défenseur des droits saisi
Cependant, selon une source policière, "cette personne handicapée urinait sur le quai" lorsqu'elle a été contrôlée. Après avoir été verbalisé, l'homme "a fait un esclandre et de lui-même il a jeté ses prothèses pour rameuter la foule". "Ces faits ont été confirmés par la vidéo" de la RATP, a-t-on indiqué de même source, en précisant que le contrôle "s'est passé tout à fait normalement jusqu'à la verbalisation", ce que ne montre pas le film posté sur les réseaux sociaux "dont on ne voit que la fin". Le service de communication de la préfecture de police de Paris a incité monsieur Bayga à porter plainte s'il estime avoir été victime de maltraitance afin qu'une enquête soit ouverte. Le Défenseur des droits a, quant à lui, été saisi par le collectif Stop contrôle au faciès et a "entamé l'instruction", a indiqué Jacques Toubon sur Twitter le 4 mai au soir. Sur sa page Facebook, le club de rugby CAPSAAA-Paris, où s'entraîne François Bayga, a appelé à manifester le 11 mai à 14h sur l'esplanade de la gare de Lyon pour "soutenir notre coéquipier et ami".