Comment financer les structures destinées à la prise en charge des accidentés de la route ? Pourquoi pas avec les recettes des contraventions dressées ? C'est l'une des 18 mesures annoncées par le gouvernement le 9 janvier 2018. Le Premier ministre Édouard Philippe réunissait le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) en présence de 10 ministres et secrétaires d'État pour dévoiler sa politique de sécurité routière du quinquennat. La mesure 4 vise donc à « améliorer la prise en charge des victimes d'accidents de la route ». Elle a été rappelée le 13 février par le premier ministre dans le dossier qui recense toutes les actions pour « transformer notre système de santé » (article en lien ci-dessous).
Surplus de recettes
Cette mesure prévoit, dans le cadre des textes financiers pour 2019, la « création d'un fonds d'investissement pour la modernisation des structures sanitaires et médico-sociales destinées à la prise en charge de ces victimes ». Il sera doté de l'intégralité du surplus des recettes perçues dans le cadre de l'abaissement des vitesses maximales. L'Etat a en effet décidé, à compter du 1er juillet 2018, de réduire de 90 km/h à 80 km/h les vitesses autorisées sur les routes à double-sens, sans séparateur central en dehors des routes à deux fois deux voies et des routes à trois voies qui sont conçues pour permettre des dépassements sécurisés. En 2016, en France, 75 000 personnes ont été blessées dans un accident de la route et près de 30 000 ont dû être hospitalisées. Au 1er juillet 2020, l'impact sur l'accidentalité de cette mesure sera étudié avec « précision et objectivité ».
Intégralité reversée
« C'est une mesure favorable si elle peut être une locomotive pour d'autres publics de traumatisés, notamment crâniens, et pas seulement les accidentés de la route, explique Karim Felissi, conseiller FNATH (Fédération des accidentés de la vie), mais aussi ceux du travail ou les personnes ayant fait un AVC, qui sont d'ailleurs accueillis dans les mêmes structures. » Sans que ce chiffre ne puisse être confirmé, une extrapolation faite par le magazine Autoplus sur les 400 000 kilomètres de voies concernées estimait le montant total des PV à 335 millions d'euros par an. Critiqué par des associations d'automobilistes, Édouard Philippe avait alors assuré que l'exécutif n'avait là aucune « motivation financière » et que « l'intégralité » des sommes récoltées irait « aux soins des accidentés de la route ».