Claudia Breidbach, amputée à 11 ans, est ravie. Elle porte sa nouvelle prothèse depuis deux semaines seulement ; pourtant, elle s'y est faite à une vitesse phénoménale « alors qu'en général il me faut au moins trois mois d'adaptation. C'est fantastique ! », s'exclame-t-elle. Elle tient à nous montrer la rapidité avec laquelle elle lace sa chaussure, la force avec laquelle elle serre un couteau entre ses doigts et, inversement, l'absence de force en serrant une main. Les gestes sont fluides, précis. Instinctifs, presque. Il faut dire que la nouvelle main bionique, baptisée « i-limb quantum », présentée par l'entreprise écossaise Touch Bionics au congrès annuel ISPO (International society for prosthetics and orthotics) qui se tenait à Lyon du 22 au 25 juin 2015 ouvre le champ des possibles. La personne amputée peut en effet choisir de contrôler sa prothèse suivant quatre modes, et même les cumuler.
Appli, bluetooth, contractions musculaires et accéléromètre
Via l'application mobile, elle programme les gestes qui lui servent dans sa vie de tous les jours avant de les effectuer d'une simple pression sur l'écran du téléphone. La prothèse, myoélectrique, est ainsi contrôlable par déclencheurs musculaires et, aussi, par bluetooth. Pour cela, l'amputé enregistre un mouvement sur un ou plusieurs petits badges qu'il dispose ensuite chez lui ou au bureau en fonction de ses besoins. Une fois que la main passe au-dessus du « grip chip », le geste mémorisé s'effectue instantanément. Mais la grande nouveauté de la « quantum », c'est son contrôle par « i-mo ». « La prothèse est désormais capable de savoir où elle est placée dans l'espace, explique Peter Deschuyffeleer de Touch Bionics. Pour faire simple, la technologie est comparable à celle qui permet aux écrans des smartphones de se tourner selon son positionnement. Si, par exemple, on choisit d'avancer le bras, la prise programmée pour un tel mouvement sera reproduite. La main s'adapte au geste. »
La version antérieure prise en charge
Plus intelligente, donc, mais aussi plus petite – la prothèse XS, destinée aux adolescents et aux adultes de petite taille, mesure 15,4 centimètres de hauteur –, plus légère et plus puissante : la « quantum » est incontestablement la meilleure des mains prothétiques à l'heure actuelle. Son coût ? « Légèrement plus cher que la version précédente », sourit Peter Deschuyffeleer. On peut donc imaginer un prix de commercialisation entre 27 000 et 30 000 euros tout de même ; de quoi refroidir les éventuels intéressés. Sauf qu'en mars 2015, la « i-limb ultra » (26 500 euros), sa version antérieure, est devenue la première main bionique à être remboursée par l'Assurance maladie. Selon la société, son achat a déjà été entièrement pris en charge pour plus de dix personnes. Quant à la couverture de la dernière venue, « le souci, en France, c'est qu'il faut environ deux ans pour déposer un dossier et qu'il soit traité. C'est excessivement long par rapport à l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie », souffle Peter. Et, d'ici-là, la quantum aura sûrement une nouvelle héritière. Prochaine étape : les sensations. Pour Claudia, « ce serait un grand pas supplémentaire de fait si l'on pouvait à la fois avoir cette liberté de mouvements et la possibilité de sentir le chaud, le froid… »