Des sites web simplifiés et compatibles avec les logiciels de synthèse vocale : un rapport remis, le 5 février 2020, au gouvernement préconise des efforts pour rendre les services publics en ligne plus accessibles aux personnes handicapées, dans trois secteurs clés, particulièrement concernés par la transformation numérique : l'accès à la citoyenneté, à la culture et au savoir. Cette accessibilité "demeure l'exception et non la norme", déplore le Conseil national du numérique (CNNum), une instance consultative indépendante placée auprès du secrétaire d'Etat chargé du dossier, Cédric O. Or, "dans un contexte de dématérialisation de l'administration, les conséquences peuvent être dramatiques pour l'accès aux droits des personnes en situation de handicap", poursuivent les auteurs du rapport, citant l'exemple d'une personne aveugle en difficulté pour payer ses impôts en ligne.
Création d'une délégation ministérielle dédiée
Rendre les sites accessibles est déjà "une obligation légale et sanctionnée par la loi", mais dans les faits "cette nécessité n'est pas suffisamment prise en compte par les acteurs publics et privés", déplorent encore les auteurs puisque seuls 4% des sites publics ont publié leur attestation d'accessibilité (conformité RGAA). Ils préconisent donc la création d'une "délégation ministérielle de l'accessibilité numérique", laquelle serait dotée d'un "pouvoir de sanction sur autosaisine ou sur plaintes d'usagers". Une plateforme de signalement des problèmes devrait également être mise à la disposition des internautes, selon eux. Le CNNum suggère en outre de renforcer l'accessibilité des contenus audiovisuels (notamment en généralisant sur les applis mobiles le sous titrage pour sourds ou malentendants) et des ressources pédagogiques numériques. Enfin, il faut "intégrer" cette question de l'accessibilité "dans la formation initiale et continue des professionnels du numérique", selon les experts.
CNH déterminante pour le numérique ?
"Le numérique doit être une chance pour tous", a commenté Cédric O dans un communiqué. "Par l'innovation, notamment en matière d'intelligence artificielle, par le soutien à nos start-up, nous avons la possibilité d'œuvrer pour permettre à nos concitoyens d'avoir accès à tous les services", a ajouté le secrétaire d'Etat, qui s'est vu remettre le rapport en compagnie de son homologue chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel. Selon l'entourage de Cédric O, une partie des 50 propositions formulées dans le rapport pourraient être reprises à son compte par l'exécutif, dont certaines dès la Conférence nationale du handicap organisée le 11 février à l'Elysée par Emmanuel Macron (article en lien ci-dessous).