« Déshonneur », « infamie », « paresse »… Il n'y est pas allé de main-morte. Les images de la colère de François Ruffin ont fait le tour des medias (vidéo ci-dessous). Un gros coup de gueule poussé par ce député de la Somme France insoumise à l'Assemblée le jeudi 11 octobre 2018 après le rejet préalable de la proposition de loi pour l'inclusion des élèves en situation de handicap portée par le député LR Aurélien Pradié (article en lien ci-dessous). Elle visait, notamment, à mieux rémunérer leurs accompagnants.
Une assemblée de Playmobil ?
« Vous n'avez pas honte ? Honte de votre paresse ? Honte de votre sectarisme ? », interroge François Ruffin. Nous avons dans le pays des femmes, des milliers de femmes qui accompagnent les enfants handicapés dans les écoles. Elles sont sous-payées, avec des contrats ultra-précaires. Pour changer ça, quelle proposition de loi avez-vous portée ? Rien, aucune ! ». Reconnaissant que ce texte n'était pas « parfait » et que les Insoumis avaient déposé « des tas d'amendements en commission », il a fustigé la majorité parlementaire : « Et vous les marcheurs, aucun. Vous êtes 300 et vous n'avez même pas participé aux échanges. Vous vous êtes contentés de voter contre, contre, contre, comme des Playmobil ». Il a ensuite assuré qu'il allait publier le nom de tous les députés qui avaient rejeté cette proposition. Celui qui s'est fait connaître dans l'hémicycle pour son verbe toujours haut conclut : « J'espère que le pays ne vous le pardonnera pas. (…) Et ce vote, j'en suis convaincu, vous collera à la peau comme une infamie », recevant de nombreux applaudissements.
Riposte : une com' indigne
Face à la levée de boucliers, dans la soirée du 12 octobre, Adrien Taquet, député LaREM et auteur du rapport Plus simple la vie sur la simplification administrative dans le champ du handicap (article en lien ci-dessous), riposte dans un communiqué, jugeant à son tour ce « coup de communication indigne » : « L'inclusion scolaire des enfants en situation de handicap ne peut s'opérer que dans l'action et non dans la gesticulation ». Il affirme que « depuis l'examen de la proposition de loi d'Aurélien Pradié sur la scolarisation des enfants en situation de handicap, les prises de positions démagogiques se succèdent. Ce texte est pourtant loin des réalités. » Et d'affirmer que ces propositions portent sur des dispositifs qui existent déjà et comportent des « contradictions » (…) ce texte « est incantatoire et méconnaît la réalité que vivent les agents et les élus locaux ».
Chiffres à l'appui
Adrien Taquet assure que Sophie Cluzel (secrétaire d'Etat au handicap) et Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale) sont « au travail » prêts à « bâtir une société inclusive dans lequel chaque enfant trouvera sa place à l'école ». A la rentrée 2018, plus de 340 000 élèves en situation de handicap ont été scolarisés dans les écoles et établissements relevant de l'Éducation nationale. Soit 20 000 enfants de plus qu'en 2017. Un chiffre qui a plus que triplé depuis dix ans (100 000 en 2006).
Une concertation annoncée
Même si Adrien Taquet admet que « personne ne prétend que la rentrée a été parfaite », il liste les actions menées par le gouvernement depuis 18 mois et, notamment, le plan de transformation des contrats aidés en AESH qui se poursuit, avec le financement de 12 400 nouveaux emplois sur 2019 et leur formation renforcée. Comme l'a rappelé Jean-Michel Blanquer la veille, une grande concertation sur l'école inclusive est annoncée fin octobre devant le CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), le ministre observant néanmoins que le texte d'Aurélien Pradié comporte « bien entendu des éléments intéressants ». Dont acte !