Cinq candidats ont passé leur grand oral le 21 février 2017 au matin lors de l'événement Place à la Santé, organisé par la Mutualité Française au palais Brongniart, à Paris (débats complets en vidéo ci-dessous, 2h30). Certains ont souhaité aborder les questions liées à la Santé au travail.
Parole aux candidats
Emmanuel Macron (En marche !) a insisté sur la nécessité de développer une politique de prévention dans le monde du travail. Benoît Hamon (Parti socialiste) a déclaré vouloir renforcer les moyens octroyés aux comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles afin de faciliter les parcours du combattant que connaissent les victimes de burn-out. Yannick Jadot (EELV) a développé sur le sujet le discours le plus construit, insistant notamment sur l'indispensable prévention des maladies professionnelles, allant au-delà du burn-out, évoquant les troubles musculo-squelettiques. Enfin, concernant la pénibilité au travail, François Fillon (Les Républicains) a déclaré qu'il n'avait pas réussi sur ce sujet en 2003 car "c'était impossible"... Répondant aux questions, il s'est pourtant déclaré favorable à une carrière plus courte pour les catégories sociales dont l'espérance de vie est la moins élevée, à condition de pouvoir l'objectiver, ce qui ne lui semble pas possible. Le 5ème candidat présent était Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France). Marine Le Pen (Front national) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) n'avaient pas répondu à l'invitation.
Des annonces très décevantes
La Fnath, association qui défend sur l'ensemble du territoire toutes les victimes du travail dans leur parcours difficile d'accès aux droits, dit certes pouvoir « se réjouir que ces thématiques aient été abordées ce matin. Pour autant, les annonces restent très décevantes et ne sont pas de nature à rassurer les victimes du travail. » Elle rappelle que « permettre une plus grande reconnaissance du burn-out par les CRRMP (Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles) va certainement fluidifier les parcours de reconnaissance, mais ne règle absolument pas la question d'un système d'indemnisation devenu injuste et obsolète ». Et de s'interroger : « Les candidats savent-ils à quoi donne droit une reconnaissance de maladies professionnelles ? Juste une indemnité de moins de 4 000 euros, lorsque le taux d'incapacité est inférieur à 10%, ce qui est fréquent en cas d'un burn-out. La reconnaissance ne constitue donc en soi qu'une avancée extrêmement alimentée, si on ne revoit pas en profondeur une législation qui date de 1898... »
7 ans d'espérance de vie en moins pour les non cadres
La prise en compte de la pénibilité au travail a été particulièrement absente, alors même que tous les candidats ont rappelé que les non-cadres ont 7 ans d'espérance de vie en moins que les cadres. La Fnath se prononce pour le maintien du compte pénibilité actuel, quitte à le simplifier pour les entreprises mais a le rendre en contrepartie plus accessible aux personnes concernées. « Aujourd'hui, un accident du travail ou une maladie professionnelle plonge les personnes concernées dans une forte précarité. A ce jour, aucun candidat ne leur propose d'en sortir ! », insiste l'association dans un communiqué. Elle rappelle que la branche accidents du travail et maladies professionnelles est excédentaire et permet donc de financer des améliorations substantielles pour les victimes du travail. La Fnath a écrit à l'ensemble des candidats pour leur demander de les rencontrer afin de leur faire des propositions concrètes sur l'ensemble de ces sujets qui concernent des millions de personnes.
© Capture vidéo Place de la santé