L'accessibilité positive ? Drôle de concept ! A l'heure où les reports d'échéance suscitent colère, frustrations et morosité, certains ont décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. L'accessibilité sera donc forcément créative, constructive, alternative… En une rime comme en cent, positive ! Et pour récompenser et encourager ceux qui s'impliquent dans cette démarche, des « Sésames de l'accessibilité positive » ont été remis le 4 novembre 2014 au soir sous les ors de l'hôtel de ville de Paris. A l'initiative du Conseil national handicap (CNH), présidé par Paul Joly, maître de cérémonie.
Des témoins « positifs »
Positive à l'image de Dorine Bourneton, marraine de l'évènement, seule rescapée d'un accident d'avion à l'âge de 16 ans, qui a repoussé l'adversité en devenant la première femme paraplégique à obtenir son brevet de pilote d'avion. Elle ne pouvait plus marcher, a décidé de voler ! Selon elle « l'accessibilité n'est pas une contrainte et peut constituer une opportunité pour la société de demain ». Positive à l'image de Philippe Croizon qui a traversé la Manche et relié les 5 continents à la nage après 14 ans où la honte du handicap l'a emporté sur l'envie de vivre. Aujourd'hui, il donne des conférences en entreprises pour persuader les managers que le handicap n'est pas un « virus » qui va contaminer leurs « organes ». Positive à l'image de Joseph Schovanec, autiste de haut niveau. Convaincu du potentiel de chacun, il assène, avec un humour fracassant : « On a toujours besoin d'un plus autiste que soi ». Celui qui a passé plus de trois ans sous camisole chimique, diagnostiqué par erreur schizophrène, est devenu philosophe, écrivain et parle plus de 7 langues. Tous ont été capables de réaliser leur rêve malgré un environnement, et surtout des préjugés, parfois inhospitaliers.
220 dossiers en lice
Ils sont nombreux à croire à cet élan, témoignant des progrès réalisés depuis des décennies, regrettant aussi que les avancées ne soient pas aussi rapides que l'on pourrait l'espérer. Pourtant, la France ne manque pas de talents et d'idées inclusives ; 220 dossiers étaient en lice pour cette édition 2014. Le comité de sélection observe une constante montée en gamme de la qualité des initiatives, qui prennent en compte tous les handicaps, abordent l'ensemble de la chaîne d'accessibilité et intègrent de plus en plus les nouvelles technologies.
Un soupçon de « peoples »
Mais comment convaincre, encore et toujours, que le « handicap » n'est pas un monde à part et que la liberté de pouvoir aller et vivre à sa guise nous concerne tous ? Comment échapper à cet entre-soi de personnes concernées qui peinent à faire entendre le bien-fondé universel de leurs revendications ? Cela se dit parfois en chanson. Quatre jeunes talents du programme télé The Voice et quelques « peoples » ont clôturé la soirée. Des artistes, comédiens, chanteurs venus s'assoir à la table, petite brèche ouverte par le biais du star system pour donner un éclairage médiatique à cet évènement. Pour tenter de faire de l'accessibilité un concept « bankable » ?
Les 4 lauréats des Sésames de l'accessibilité positive
Catégorie « Accès à » : Centre historique minier de Lewarde
Plus important musée de la mine en France, le Centre historique minier, considérant que ce n'est pas une partie du public qui a des difficultés d'accès au musée mais bien au contraire le centre qui « est handicapé » dans sa mission d'accueil et de diffusion de la culture minière, a décidé de mettre en place de nouveaux aménagements favorisant l'accès à tous.
Catégorie « Emploi »: Fluvia Hôtel-résidence
Premier hôtel-restaurant en France employant une majorité de salariés en situation de handicap, Fluvia, entreprise adaptée, a pour objectif de permettre à chacun de découvrir le handicap autrement en favorisant une accessibilité pratique et universelle au service de tous : employés, clients et patients. A ce jour 90% de son effectif salarié est reconnu travailleur handicapé et 90% de cet effectif est en CDI.
Catégorie « Innovation » : Signes de sens Muséo+
A partir des besoins des enfants sourds ou autistes Muséo + a imaginé une nouvelle façon de visiter un musée pour tous et ensemble, en réalisant un concept d''application sur tablette qui aide les enfants de 6 à 12 ans à découvrir les œuvres à travers des jeux interactifs et des explications vidéos.
Le Sésame d'or : le facile à lire et à comprendre des Papillons Blancs de Dunkerque
A créé le premier atelier français de traduction de documents en «Facile à lire et à comprendre». Cette méthode européenne permet de rendre l'information accessible à tous. Les traductions sont réalisées par un groupe de travail composé de 15 personnes déficientes intellectuelles (travailleurs d'ESAT).