Cap de ressentir la musique de la tête aux pieds ? C'est le défi que lance le collectif T'Cap aux personnes sourdes et malentendantes. Comment ? Grâce à des caissons en bois qui émettent des vibrations. « Chaque appareil mesure 1m20 et dispose d'un haut-parleur à ressorts qui permet de sentir les basses dans la plante des pieds », précise Olivier Raballand, délégué général du collectif. Le principe ? Monter dessus et laisser les ondes se propager à travers tout le corps. Une expérience sensorielle « bluffante » !
Expérience fédératrice
Après quatre ans de travail, ces caissons vibrants seront inaugurés pour la première fois le 25 mai 2019, à 14 heures, lors du festival « Débord de Loire », près de Nantes. L'objectif : améliorer l'accès aux concerts et, plus généralement, à la culture des personnes sourdes et favoriser la rencontre avec les « valides » autour d'une expérience innovante. Car si le dispositif est essentiellement destiné aux non-entendants, il n'en reste pas moins accessible à tous. Que l'on ait l'ouïe fine ou non, « c'est une sacrée sensation ! », témoigne Olivier Raballand. Les machines peuvent être disposées de différentes manières : seules ou reliées les unes aux autres. « Un unique caisson au milieu d'une salle -ou d'un autre espace-, ça peut être un peu stigmatisant… Mais quand ils forment un bloc et que plusieurs personnes peuvent y accéder, c'est tout de suite plus sympa, poursuit-il. Même lorsque l'on met des canapés dessus les sensations sont encore au rendez-vous ! »
Gilet vibrant et valise audio-descriptive
Ces caissons « multifonctions » ont d'autres atouts. « Ils ont notamment été utilisés dans des IME (Instituts médico-éducatifs) et des instituts de jeunes sourds pour habituer les jeunes déficients auditifs aux différents bruits de la ville et notamment des bus », explique Olivier Raballand. Ils auraient également, selon lui, des effets notoires sur les personnes avec autisme, grâce à une perception de la musique optimisée. Elles se laissent porter par le son, « se concentrent sur une tâche spécifique et prennent conscience de leur potentiel créatif », indique-t-il. Autre appareil mais même ambition : le gilet vibrant permet de ressentir des sensations similaires dans le dos. « Il a un peu la même apparence qu'un gilet pare-balles -mais évidemment, pas la même finalité- et dispose d'un régulateur pour ajuster l'intensité », détaille Olivier Raballand. D'autres dispositifs sensoriels sont actuellement en préparation. A quand des écouteurs ou un casque vibrant ? Pour l'heure, le collectif T'Cap peaufine sa valise d'audiodescription. Elle comportera des casques, à distribuer aux personnes mal ou non-voyantes lors de représentations culturelles, qui décriront les interactions et mouvements effectués sur scène.
Un album insonore
Autre initiative, même combat. L'Institut national de jeunes sourds de Paris (INJS) et Damien Quintard, ingénieur du son, développent également un système qui permettra aux personnes sourdes de ressentir les fréquences sonores par vibrations dans les salles de concert. Pour financer ce projet, l'INJS lance un album intitulé « S.O.U.R.D » composé de 7 titres évocateurs, « totalement vides de son mais plein de sens » : « Jouez cet album », « Jouez-le en boucle », « Ça y est », « Vous faites un don », « Pour permettre aux jeunes sourds », « D'entendre pour la première fois un concert », « Plus d'infos sur INJS-Paris.fr ». Le principe est simple : une écoute = un don pour la recherche. Leitmotiv : en France, 9 enfants non-entendants sur 10 sont équipés de prothèses auditives. Ces appareils leur permettent d'entendre les voix mais pas la musique…