Moins de 5 jours avant le lancement des Special olympics, à Abu Dhabi ! Du 14 au 21 mars 2019, 85 Français participeront à cette compétition sportive mondiale réservée aux en athlètes en situation de handicap mental. Ils devront faire face à 7 500 sportifs, issus de 176 nations. Sur les 24 disciplines en compétition, les Tricolores concourront dans 10 : athlétisme, basketball, bowling, tennis, football à 5, gymnastique artistique, handball, judo, natation et tennis de table. Un évènement de grande envergure qui aurait de quoi en effrayer plus d'un… Alors comment se préparent-ils ? Que ressentent-ils ? Réponses de Corinne Barbier, éducatrice sportive de l'équipe de tennis de table.
Les quatre élus
Charlène, Hatou, Florian et Aymeric ont été sélectionnés pour représenter la France au « ping-pong ». « Ils ont entre 16 et 18 ans et sont déficients mentaux légers », explique Corinne Barbier. La plupart d'entre eux ont commencé à jouer dans des maisons de quartier ou durant leur séance de sport à l'IME (Institut médico-éducatif) de l'Epnak de Gillevoisin (Essonne), où ils sont tous les quatre accueillis… Corinne Barbier a flairé leur potentiel et leur a proposé cette incroyable aventure. Certains ont décliné sa proposition, eux ont accepté sans hésiter. « Ils ont été ravis tout de suite », se souvient-elle. De l'expérience ? Ils n'en ont pas tellement… De l'énergie, par contre, ils en ont à revendre ! « Un grand esprit de compétition ! », confirme leur coach.
Entre excitation et angoisse
Mais l'excitation passée, la peur prend le dessus… Leur préoccupation majeure : le trajet. Car, l'avion, c'est une grande première ! « Seule Hatou l'a déjà pris. Le vol dure 6 heures donc ils sont un peu impressionnés mais j'essaye de les rassurer, tout va très bien se passer », poursuit-elle. Corinne est une habituée des Special olympics, elle était présente à Shanghaï en 2007 et à Athènes en 2011. « 11 heures d'avion pour aller en Chine, c'était une autre paire de manche ! », sourit-elle. Elle s'appuie sur son expérience pour expliquer aux jeunes les grandes lignes de ce voyage mais omet volontairement certains détails. « Je préfère leur laisser une part de surprise, explique-t-elle. C'est vraiment un évènement grandiose ! Des années après, les athlètes nous en reparlent encore. »
Bientôt le déclic ?
Pour nos quatre graines de champion, la magie va bientôt opérer. Mais, avant, il faudra faire preuve de patience car qui dit compétition internationale dit organisation millimétrée ! « C'est la même que pour les Jeux olympiques avec la cérémonie d'ouverture, le défilé de toutes les délégations… Parfois, il faut attendre pendant plusieurs heures pour que tout soit bien ficelé et que ça puisse donner un spectacle exceptionnel », raconte Corinne. Pour l'heure, les jeunes sportifs sont bien loin d'imaginer ce qui les attend… « Nous avons des tournois tout au long de l'année mais c'est la première fois qu'ils participeront à une telle compétition, poursuit-elle. Alors ils ne se rendent pas compte de l'ampleur de l'évènement ni de ce qu'ils s'apprêtent à vivre. » Certains en oublient même leur destination. « Des parents me disaient que leur enfant pensait partir en Egypte, ils sont un peu perdus car ils n'ont pas vraiment de notion géographique », explique Corinne. Selon elle, le déclic devrait s'opérer à l'aéroport d'Abu Dhabi, lorsqu'ils rejoindront le reste de la délégation française. « A notre arrivée aux Emirats Arabes Unis, nous disposerons de quelques jours pour nous habituer au climat, au décalage horaire, visiter et s'entraîner…»
Séparation difficile… ou pas
Les jeunes athlètes devront alors gérer une autre difficulté : la séparation avec leurs proches, à moins que… « En fait, ça ne les inquiète pas plus que ça… Ils sont déjà, en quelque sorte, habitués à vivre loin d'eux, la plupart étant en famille d'accueil, révèle Corinne. L'appréhension vient surtout des parents, ils sont à la fois extrêmement fiers et anxieux. » Pour apaiser les craintes, l'éducatrice sportive propose régulièrement des réunions afin d'organiser le départ et de donner ses dernières recommandations. « Ils n'ont pratiquement pas de vêtements à emmener car tous les textiles sont donnés par Special olympics France », explique-t-elle, par exemple. Ravis, les parents y voient un gain de temps pour la préparation de la valise !
Un entraînement en douceur
Pour l'heure, les sportifs s'entraînent deux fois par semaine, lors de séances d'une heure. L'éducatrice ne mise pas sur des entraînements « poussés », voire éreintants, car, malgré l'enjeu, l'objectif de cette expérience est simplement « de se faire plaisir ». « Je les conseille sur la façon de déceler les points faibles de leur adversaire ou de réagir lors d'un match… Mais mon but n'est pas de faire de la discipline pour atteindre un niveau d'excellence, surtout pas ! », confirme Corinne. Elle a préféré opter pour une préparation progressive, en douceur. « A la fin de certains entraînements, je prends 15 minutes pour montrer les images de l'hôtel où nous logerons, les raquettes que nous utiliserons, pour qu'ils se sentent vraiment impliqués de bout en bout. »
Sur place, ils pourront profiter des conseils du nageur Alain Bernard, parrain de cette nouvelle édition (article en lien ci-dessous), qu'ils rencontreront la veille du lancement de la compétition. Si Corinne s'impatiente, ses poulains sont plus mesurés ! « Je leur ai dit que notre ambassadeur était un grand champion et que nous pourrions bientôt le voir mais là encore, ils ne se rendent pas vraiment compte… »