Dernière minute du 2 décembre 2020
Le 26 novembre 2020, le gouvernement missionne la CGE (Conférence des grandes écoles) pour conduire une étude sur la mobilité internationale des étudiants en situation de handicap dans l'enseignement supérieur (grandes écoles et universités). D'ici sept mois, un rapport est attendu qui devra faire état des différents freins et proposer des solutions concrètes et des pistes de travail. Objectif ? Permettre à ces jeunes de partir à l'étranger dans les meilleures conditions. La CGE devra également étudier si cette approche peut être généralisée à l'Europe et à l'international. Pour ce faire, elle travaillera en collaboration avec les référents handicaps des établissements, les ambassades étrangères à Paris et françaises à l'étranger, les fédérations étudiantes… et sera en lien régulier avec les différents ministères compétents sur la question. Réponses dans une synthèse intermédiaire en mars 2021 puis dans le rapport final en juin 2021.
Article initial du 2 novembre 2019
Un constat sans appel : seuls 1% des étudiants sont en situation de handicap, selon le 1er baromètre dédié révélé en novembre 2018 (article en lien ci-dessous). Une nouvelle charte handicap rassemblant les grandes écoles et universités pourrait-elle changer la donne et leur ouvrir les portes du monde ?
Une 2ème charte dédiée
La signature a lieu le 11 février 2019 sur le campus d'UniLaSalle, à Beauvais (60). Deux ministres sont présents : Frédérique Vidal (Enseignement supérieur) et Sophie Cluzel (handicap). La date n'a pas été choisie par hasard, c'est l'anniversaire de la loi handicap de 2005. Cet événement est organisé par la Conférence des grandes écoles (CGE) qui, créée en 1973, regroupe aujourd'hui 227 établissements d'enseignement supérieur et de recherche français et étrangers, représentant tout le spectre des formations en Grandes écoles de niveau Master et au-delà. Cette rencontre déroule plusieurs tables rondes avec un focus spécifique sur le thème : « Dynamique inclusive et mobilité internationale des étudiants en situation de handicap ». C'est donc l'occasion de présenter le « statut international d'étudiant en situation de handicap » ou SIESH. Les associations (CGE, la FÉDÉEH et Hanploi CED) ont fait le constat que l'accès à la dimension internationale des cursus de l'enseignement supérieur (stage ou semestre académique) reste « très difficile » pour ces derniers.
Quatre grands axes
Cela concerne l'accès aux traitements et au suivi médical, aux transports, à un accompagnement spécifique dans la vie quotidienne et à une vie sociale inclusive. Le surcoût lié à l'accès aux cursus internationaux pour ces étudiants est une problématique transversale à toutes ces dimensions. Serait ainsi créé un statut officiel organisé autour de quatre axes : « administratif » matérialisé par un document, « médical » pour permettre la disponibilité du traitement, « diplomatique » avec la mise en place d'un référent handicap dans chaque ambassade et « financier » avec la limitation des surcoûts liés au handicap. Toutes les démarches doivent être engagées pour faciliter leur parcours, y compris sur les « détails très pratiques », par exemple avoir le droit de prendre un traitement en bagage cabine avec des pains de glace réfrigérés alors que c'est interdit, trouver le bon médecin sur place… « Notre credo c'est qu'aucun domaine de la vie de l'étudiant ne doit être freiné par la maladie ou le handicap », explique Xavier Quernin, chargé de mission handicap à l'Institut polytechnique UniLaSalle (interview en lien ci-dessous). Interpellée par les difficultés rencontrées par les étudiants pour accéder au soin et les surcoûts liés, Mission Handicap Assurance (MHA) met par ailleurs en place une « bourse SIESH », permettant de prendre en charge ces coûts supplémentaires. Son montant s'élève à 30 000 euros par an.
Des considérations très pratiques
« Nous sommes allés jusqu'à l'Onu pour défendre ce statut, poursuit Xavier Quernin. Mais, en tant qu'ONG (organisation non gouvernementale), nous ne pouvons aller plus loin et devons mener des actions de lobbying afin d'inciter un Etat membre à le porter ». Sophie Cluzel avait annoncé en mai 2018 que la France s'était emparée de cette question. Les trois associations précitées souhaitent donc proposer au gouvernement français de profiter du troisième cycle de l'Examen périodique universel (qui consiste à passer en revue les réalisations de l'ensemble des Etats membres de l'ONU dans le domaine des droits de l'Homme de 2017 à 2021) pour présenter cette problématique internationale et apporter des solutions concrètes. De nombreux défis restent encore à relever mais des actions comme celles-ci sont nécessaires pour encourager les jeunes handicapés à s'aventurer sur le chemin, souvent sinueux, de l'emploi. Et, pourquoi pas, au-delà des frontières ?
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