150 millions de personnes ont recours au braille dans le monde. À l'ère du tout numérique, il est donc grand temps de penser aux applications et tablettes adaptées à la déficience visuelle. C'est ce que fait la start-up autrichienne BLITAB, qui met au point une première tablette tactile entièrement en braille. Une nouveauté destinée à favoriser l'expérience numérique des personnes atteintes de cécité.
Une technologie sophistiquée
« Les impressions deviennent visibles », annonce leur slogan (« Feelings get visible » en anglais). Utilisation tactile, clavier à touches longues Perkins (généralement utilisé pour les machines à écrire le braille), fonction vocale d'audiodescription, conversion instantanée en braille de fichiers texte issus d'Internet et de supports USB… Tout est pensé pour faciliter la navigation. Il faut dire que la technologie développée est bluffante. Ici, pas de vieux mécanisme ; BLITAB emploie les gros moyens en utilisant des bulles de liquide capables de créer du relief pour produire instantanément du texte en braille ou des images. Plusieurs lignes sont ainsi générées en même temps. Selon les co-fondateurs du terminal, « BLITAB n'est pas une simple tablette. C'est une plateforme pour toutes les applications, existantes et futures, destinées aux personnes aveugles et malvoyantes. Pour ces raisons, nous ne voulons pas entrer en compétition mais grandir et trouver des partenariats ». Avec, tout de même, un objectif principal, se positionner comme leader mondial sur le marché digital destiné aux personnes déficientes visuelles, longtemps laissé en marge du progrès.
« Des artisans du changement social »
Testé par des personnes aveugles dès les premières phases de son prototypage, BLITAB évolue en fonction des recommandations de ses utilisateurs. Pour le moment, 3 000 personnes de 34 pays différents l'ont essayé, ce qui a mené à une version Bêta du prototype, présentée lors d'un congrès à Shanghai en juin 2016. « C'est une des raisons pour lesquelles nous avons été repérés. On nous a attribué l'étiquette d'artisans du changement social », confie Kristina Tsvetanova, à la tête du projet avec quatre co-fondateurs, spécialisés en génie industriel, en chimie, en informatique et en design industriel.
Une dizaine de récompenses
Depuis son lancement, BLITAB a reçu plus d'une dizaine de récompenses dans les catégories « social », « innovation », « développement durable »… Elle s'associe à de grosses entreprises internationales pour faire parler d'elle et s'imposer parmi l'offre du tout numérique accessible. Au Royaume-Uni, l'Institut royal national des aveugles (RNIB) et des banques s'y intéressent de près. Ils disent « voir un grand potentiel pour leurs clients aveugles et malvoyants ». Après deux ans de développement, la tablette est aujourd'hui disponible en précommande. Il est toujours possible de la tester en s'adressant aux développeurs (infos sur leur site) mais aussi d'intégrer la communauté BLITAB en tant que développeur ou investisseur. Selon ses fondateurs, cette première version sera commercialisée en octobre 2016, pour un prix annoncé de 2 500 euros.
Des appareils trop chers et obsolètes
Qu'on se le dise, l'état des lieux du numérique pour les personnes déficientes visuelles est navrant ; très coûteux, les appareils présents sur le marché ont été développés il y a plus de 40 ans et sont entièrement mécaniques. Ils ne peuvent donc générer qu'une ligne de braille à la fois. Les téléphones en braille, eux, sont quasi inexistants. Si des concepts de tablette tactile émergent, à l'image de l'Anagraph, ils manquent encore de financement pour être commercialisés. Porteur d'espoir, BLITAB s'impose comme une petite révolution. Si la tablette se vend bien, la société pourrait développer d'autres types d'appareils à l'avenir, tels que des smartphones en braille et d'autres objets connectés.
© Blitab