Le clip « Chère future maman » avait fait le buzz en mars 2014. Presque 6 millions de visiteurs. On y voit des personnes porteuses de trisomie 21 expliquer le bonheur qu'elles ont à vivre, aimer et travailler malgré leur handicap (article complet en lien-ci-dessous). Ce film est diffusé gracieusement sur TF1, M6, Canal+ et D8 du 21 mars au 21 avril dans le cadre de la journée mondiale de la trisomie 21. Il décroche même deux trophées d'or et deux d'argent aux Lions de Cannes 2014. Plutôt sympa, bienveillant et encourageant… Mais l'histoire ne s'arrête pas là !
Le CSA mécontent
Le 25 juillet 2014, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) rend un tout autre avis en annonçant sur son site qu'il a envoyé un courrier aux chaînes de télévision pour les avertir que ce clip n'était pas « d'intérêt général », leur reprocher de l'avoir diffusé et leur demander de veiller, à l'avenir, aux modalités de diffusion des messages susceptibles de porter à controverse (article complet en lien-ci-dessous). Motivant cette décision par le risque de générer un trouble chez les femmes qui pourraient décider de ne pas garder un fœtus porteur de trisomie. Selon le CSA, parce que la finalité du clip, « en s'adressant aux futures mères », « peut paraître ambiguë et ne pas susciter une adhésion spontanée et consensuelle », il aurait dû être diffusé dans des émissions « encadrées et contextualisées ». Même en y mettant les formes, son avis avait déclenché les foudres…
La riposte de 7 jeunes trisomiques
Il n'en fallait pas davantage pour « fâcher » les personnes concernées. Six jeunes adultes porteurs de trisomie 21, majeurs non protégés, c'est-à-dire dans le plein exercice de leurs droits, ainsi qu'une jeune fille, mineure, qui apparait dans ce clip, ont décidé de ne pas en rester là et de saisir le Conseil d'Etat pour faire annuler cette décision du CSA qui, selon eux, censure leur libre parole. C'est une première dans l'histoire de la Justice, d'autant que ces citoyens en situation de handicap mental, d'ordinaire « sans voix » ont décidé d'aller plaider leur cause seuls sans se faire assister par un avocat. Sans avocat mais tout de même épaulés par la maman de l'un d'entre eux, magistrate. « Moi je ne me défends pas tout seul devant les méchants, explique l'un d'entre eux, Jean-Baptiste, 18 ans. S'ils m'embêtent, je préfère un juge ».
Pas de culpabilité à avoir…
Ils s'appuient sur l'argument qu'à aucun moment le clip ne fait allusion à une interruption de grossesse et qu'il n'a donc pas vocation à culpabiliser les futures mamans. Les sept requérants ignorent tout de cette problématique ; eux sont bien vivants, avec une conscience aigüe de leur handicap. Ils ne réclament ni apitoiement ni condescendance mais la possibilité de vivre dans une société tolérante et bienveillante. Alors pourquoi leur refuser d'être vus et entendus sur des chaînes de télévision sans être stigmatisés encore et toujours ?
Afin d'éviter toute manipulation, leur consentement a été recueilli sur une vidéo de 2h30, présentée au Conseil d'Etat. Il est demandé à ce dernier, la journée mondiale de la trisomie ayant lieu chaque année, de suggérer à l'avenir au CSA d'éviter de telles déclarations qui s'apparentent, selon les plaignants, à un « excès de pouvoir ». Le Conseil d'Etat a accusé réception de la requête le 25 septembre 2014. Affaire à suivre…