Vivre avec des béquilles : les super galères d'Adda !

Vivre avec des béquilles, c'est un handicap lourd, dont on mesure parfois mal les conséquences. La preuve avec Adda Abdelli, scénariste de la série "Vestiaires", qui a pourtant choisi d'en rire. Florilège de situations à éviter... Du vécu !

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Adda court sur quatre pattes. Deux jambes et deux béquilles. Deux jambes un peu fragiles à cause d'une polio dans l'enfance. Alors pas question de lâcher ses béquilles. « En situation de handicap », comme on dit, mais pas pour autant en fauteuil roulant. Ou alors pas souvent. Un handicap « mitigé », mi-handicap, sans identité forte. Le truc pas bien défini mais qui pourtant vous pourrit la vie. Car ces deux tuteurs apparemment anodins l'exposent parfois à de vraies galères…

Acteur dans la série Vestiaires

Adda n'est pas du genre à s'apitoyer sur son sort. Son nom, c'est Abdelli, scénariste et acteur de la série Vestiaires. Cinq saisons déjà que les facéties de ce club de natation handisport réjouissent les spectateurs de France Télévisions. Cynique, drôle, caustique, impitoyable, il est à la scène comme à la ville. Récemment, il a été interpelé par un fait-divers : la condamnation de la compagnie Easyjet qui avait refusé l'embarquement à plusieurs passagers en fauteuil roulant (article en lien ci-dessous). Adda fait son Calimero : « Et pour les personnes avec béquilles, vous croyez que c'est plus facile ? ». Vas-y Adda, raconte !

Portique de sécurité, ça sonne !

« Imaginez le contrôle de sécurité de l'aéroport. Si vous franchissez le portique avec vos béquilles, ça sonne, explique-t-il » C'est de l'acier, c'est effilé, c'est suspect. « Alors elles doivent passer sur le tapis roulant, direction scanner. Mais moi, sans mes béquilles, je ne fais pas un pas… Or le règlement dit que le passager doit être en mesure de passer en toute autonomie. Enfin, en principe. Les agents eux-mêmes ne connaissent pas bien la réglementation ou ne savent pas l'appliquer. Alors je m'accroche comme je peux. » Façon quille qui attend ses béquilles ! « Ou sinon on me colle dans un fauteuil roulant, parfois juste pour un mètre, parfois jusqu'à l'avion ; c'est plus confort mais t'as pas vraiment envie de te faire remarquer… D'autant que, dans ce cas, il faut prévenir 48h à l'avance. Bref, tu vois le casse-tête ? En principe, lorsque je fais ma réservation, je dois déclarer mes béquilles mais c'est souvent au petit bonheur la chance ! ».

Porte close à la banque

Et ça ne carillonne pas seulement dans les aéroports ; dans le sas de sa banque, même refrain. « L'équipe avait changé, ne me connaissait pas. Je me suis mis à sonner. Personne n'a voulu me laisser entrer. Ces foutus détecteurs de métaux ! » D'autant que le vilain farceur a un petit secret, une orthèse de jambe, en métal. Et, là, rebelote ! « On me reluque, on me palpe et il est même arrivé qu'on me déshabille. Enfin juste le pantalon ! » Mais c'est qui le plus gêné ? « Bah, c'est pas moi. Les types sont souvent bienveillants, débordés et je suis dans la position de celui qui rassure. Faites votre job les gars ! » Alors Adda n'en démord pas : « Avoir des béquilles, c'est une sacrée galère parce que tu ne rentres dans aucune case ! » Mais, fais un effort, tu pourrais quand même t'en passer, enfin si tu en as marre de sonner…  « On me pose souvent la question et ça me gonfle ; elles ne sont pas décoratives mes béquilles ! »

Tu regardes les autres se gaver ou tu te vautres !

Ça sonne et ça dérape aussi… L'enfer sur chaussée mouillée, a fortiori lorsque les caoutchoucs se font la malle. « Alors là, tu dégustes, surtout quand tu habites Marseille. Zéro adhérence et tu pars en tête à queue. ». Adda, t'as pas fini ton sketch ? « Non parce qu'il y a encore un souci, je suis presbyte. Va donc attraper tes lunettes avec une seule main… Et puis quand tu es en béquilles, tu dois toujours regarder tes pieds. Alors chaque fois que je veux apprécier le paysage, je dois m'arrêter. Et prendre mes lunettes d'une seule main… A la machine à café, c'est la corvée si tu n'as pas quinze doigts. Tu vois, on ne s'en sort pas ! Le pire, ce sont les cocktails, tu regardes les autres se gaver ou tu acceptes de te vautrer. »

Vivre en équilibre, c'est épuisant !

Comme toute « star » de la télé (Il se dit habitué du Festival de « ses cannes », en solo), Adda voyage beaucoup, parfois en train. Lorsque la prod' lui réserve un billet, il a droit au tarif PMR (personne à mobilité réduite). La classe, en première. Mais il s'assied où Adda ? Sur le bout de strapontin, juste à côté, car la place « handicapé » est un espace vide prévu pour accueillir, non pas deux pauv' béquilles mais… un fauteuil roulant ! Alors, dès qu'il a franchi la porte de chez lui, il l'a bien mérité son fauteuil. Repos ! Adda adopte la zen attitude et se laisse choir sur son séant. « C'est moins fatigant et en plus je peux enfin me servir de mes deux mains ». Il l'affirme, vivre en équilibre, c'est épuisant !

© carballo/Fotolia

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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